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DIAL 2502

AMÉRIQUE CENTRALE - Grave pénurie alimentaire pour 1,6 million de personnes

Gustavo González

lundi 1er octobre 2001, par Dial

La succession de catastrophes naturelles en Amérique centrale - ouragans, tremblements de terre et sécheresse - a créé une situation de détresse alimentaire qui frappe un million six cent mille personnes selon la FAO. Article de Gustavo González, IPS, 8 septembre 2001.


Le bureau régional pour l’Amérique latine de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) dont le siège est à Santiago du Chili, a qualifié de précaire la situation des zones rurales d’Amérique centrale dans le domaine de l’alimentation. À l’ouragan Mitch dévastateur, fin octobre 1998, se sont ajoutés les tremblements de terre du début de cette année et la sécheresse qui a sévi en 2000 et qui se prolonge encore. Les pays les plus affectés par cette succession de désastres naturels sont El Salvador, le Honduras, le Nicaragua et le Guatemala "bien que les effets se fassent sentir aussi au Costa Rica et jusqu’aux zones côtières du golfe de Panama", a déclaré l’organisation.

Le bureau régional de la FAO a averti que le problème peut s’aggraver dans les prochains mois si les sécheresses persistent et s’il y a en même temps de nouveaux ouragans pouvant détruire les cultures.

Il a déclaré dans un communiqué que "le nombre de personnes qui ont besoin d’une aide alimentaire urgente pour cause de catastrophe naturelle a nettement augmenté et, aujourd’hui, on l’estime à 1,6 million". Ce nombre correspond à environ 5 % de la population totale des six pays qui comptent environ 35 millions d’habitants. L’urgence alimentaire a augmenté depuis qu’on a estimé à un million le nombre de personnes affectées en juillet, 1,4 million début août, et à l’heure actuelle 1,6 million, selon le rapport non officiel publié jeudi dernier par le bureau régional de la FAO.

Les catastrophes naturelles d’Amérique centrale aggravent les problèmes structuraux d’insécurité alimentaire en Amérique latine, avec 55 millions de personnes, soit 11 % de la population, souffrant de carences alimentaires, selon la FAO.

L’ONU a convoqué pour novembre prochain à Rome un deuxième Sommet mondial de l’alimentation, cinq ans après le rendez-vous semblable qui a eu lieu en 1996. On cherchera là un nouvel engagement de la communauté internationale, et surtout des pays industrialisés, avec pour objectif la division par deux du nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde d’ici 2015.

Pour l’ensemble de la planète, le nombre de personnes souffrant de carences alimentaires, estimé à 800 millions en 1996, est descendu à 791 millions en 1998. Les pourcentages les plus élevés de sous-nutrition se trouvent en Afrique subsaharienne, avec 34 % des habitants, et en Asie-Pacifique sud, avec 17 %. La situation est relativement meilleure en Amérique latine, mais il y a des cas critiques en Amérique centrale. La population pauvre du Nicaragua, du Honduras et du Guatemala a un déficit élevé en calories : 300 calories par jour au Nicaragua, 270 au Honduras et 250 au Guatemala. Viennent ensuite le Panama, avec un déficit de 230 calories, El Salvador avec 200, le Costa Rica avec 160 calories, selon les statistiques de la période 1996-1998.

El Salvador

El Salvador a souffert de tremblements de terre en janvier et février dernier. Leurs effets sur les cultures ont été minimes, mais, selon la FAO, ils ont sérieusement endommagé l’infrastructure routière et les habitations, ce qui a rendu difficiles le transport et la commercialisation des récoltes. En outre, les séismes ont beaucoup limité les semis, ce qui réduit de 18 % les prévisions de production de maïs. Les tremblements de terre ont fait en El Salvador 200 000 sinistrés qui ont eu besoin de l’aide alimentaire internationale, de même que les 25 000 familles frappées par la sécheresse dans 31 districts ruraux. Dix mille autres familles salvadoriennes, dans 29 districts, seront assistées dans les prochaines semaines par le Programme alimentaire mondial (PAM).

Honduras

Au Honduras, le pays d’Amérique centrale le plus frappé par l’ouragan Mitch en 1998, il y a eu en plus cette année les effets de la sécheresse. Environ 250 000 personnes ont reçu en juin une aide du PAM, qui a distribué plus de mille tonnes d’aliments, et le gouvernement du Honduras a dû utiliser les réserves stratégiques de maïs et de haricots pour empêcher la chute de l’offre en nourriture de base. Selon la FAO, les pertes agricoles affectent 28 000 fermes dans le centre et le sud du Honduras, où 20 % des semis de maïs ont été perdus, ce qui correspond à 38 000 tonnes. Au Honduras, 20 000 hectares de sorgho et 8 000 hectares de haricots ont également été perdus.

Nicaragua

Les régions occidentales du Nicaragua ont souffert du passage de Mitch en 1998 et sont aujourd’hui les plus dévastées par la sécheresse, avec 45 000 fermes environ qui ont perdu au moins 50 % de leur récolte dans les départements de León et de Chinandega. Le PAM a distribué une aide alimentaire à 9 000 victimes de la sécheresse au Nicaragua, tandis que la FAO et le gouvernement fournissent des intrants agricoles à 7 000 exploitants ruraux qui commencent leurs semailles pour une nouvelle saison. La production nicaraguayenne de maïs chutera cette année de 15 %, selon la FAO. La situation au Nicaragua est également critique à cause de la fermeture des plantations de café, dont la production n’est pas rentable étant donné les bas rendements provoqués par la sécheresse et la chute des prix internationaux, a ajouté le bureau régional.

Au Guatemala, un déficit des pluies de 60 % cause des pertes de l’ordre de 8 % dans la production de maïs et de haricots dans les régions orientales et centrales. Environ 12 000 agriculteurs ont perdu au moins 80 % de leurs cultures de subsistance dans la première saison de cette année, selon l’agence de l’ONU.


 Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 2502.
 Traduction Dial.
 Source (espagnol) : IPS, 8 septembre 2001.
 
En cas de reproduction, mentionner au moins l’auteur, la source française (Dial - http://www.dial-infos.org) et l’adresse internet de l’article.

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