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DIAL 3748
Les médias autochtones fonctionnent avec très peu de moyens
Servindi
lundi 30 juin 2025, mis en ligne par
Un rapport de l’ONU récemment publié montrent que les médias autochtones travaillent dans des conditions précaires. Article publié par Servindi (Pérou) le 30 avril 2025.
Malgré leur importance, les médias autochtones à travers le monde disposent, pour la plupart, d’un personnel salarié réduit et ont de la difficulté à financer l’achat de matériel – c’est ce que révèle un rapport récent de l’UNESCO.
Les médias autochtones disposent, pour la plupart, d’un personnel salarié réduit, quand il n’est pas inexistant, sont limités dans leur capacité de diffusion et l’expansion de leurs services numériques et rencontrent des problèmes pour acquérir du matériel.
C’est ce que révèle une étude mondiale récente de l’UNESCO sur les populations autochtones et les moyens de communication qui met en lumière la précarité financière des médias autochtones malgré leur importance.
Selon ce rapport, 70% des médias autochtones, principalement des radios, comptent moins de 10 salariés ; près d’un sur quatre n’a pas de personnel salarié mais uniquement des employés bénévoles.
Par ailleurs, 73% des médias autochtones mentionnent le manque de ressources financières, qui limite leur capacité de diffusion et l’expansion de leurs services numériques ; et 51% rencontrent des problèmes en lien avec le coût élevé du matériel.
Cette situation existe malgré le fait que le contenu offert par les populations autochtones est essentiel au développement des médias, déclare le rapport.
« En apportant leurs voix, leur expression culturelle, leurs langues et leurs connaissances à la sphère médiatique, les acteurs autochtones renforcent le pluralisme et la diversité des médias et contribuent à ce qu’ils reflètent mieux la société », note le rapport.
« La richesse du panorama médiatique dépend de la représentation et de la diffusion des récits autochtones, afin que soit garanti l’échange des idées entre les publics », peut-on également lire dans les conclusions principales du rapport.
Les langues autochtones dans les médias
S’il pourrait être intéressant d’utiliser les langues autochtones dans les médias pour toucher tant les autochtones que le public intéressé par la question autochtone, ce potentiel n’est pourtant pas exploré comme il conviendrait.
Selon le rapport, les langues autochtones sont en usage sur les radios autochtones (84%) et dans les médias numériques (82%), mais seuls 47% des médias non autochtones utilisent ces langues et seulement lorsque des quotas sont appliqués.
De même, à peine 16% des médias non autochtones ont pour obligation de publier dans une langue autochtone du fait de quotas, 32% des médias autochtones émettent quotidiennement et 24% proposent des programmes permanents dans des langues autochtones.
Pratiques éditoriales
Le rapport fait également état de différences dans la représentation et les pratiques éditoriales des médias non autochtones puisque 25% des médias non indiens n’ont pas de lignes éditoriales en rapport avec les questions autochtones.
En outre, un média sur cinq cite rarement les peuples autochtones comme sources de sujets d’intérêt public, et 8% affirment qu’ils ne le font jamais.
Par ailleurs, environ 50% des médias réservent du temps et de la place à l’information publique, devant les pratiques culturelles et l’information sur la santé publique et les situations d’urgence.
Points à améliorer
Les pratiques de gestion et les opérations du secteur en rapport avec les professionnels des médias autochtones offrent des possibilités d’amélioration, selon le document.
Des femmes autochtones sont présentes dans les entreprises médiatiques mais des lacunes demeurent.
Si 35% des médias autochtones ont déclaré avoir un personnel majoritairement féminin, ils sont 9% à n’employer aucune femme. Chez les médias non autochtones, ils sont 36% à affirmer qu’ils n’emploient aucune femme autochtone.
D’autre part, constat préoccupant, 49% des travailleurs des médias autochtones ont déclaré qu’ils subissent des menaces extérieures, y compris du harcèlement en ligne, des atteintes physiques et des intimidations judiciaires.
Par ailleurs, 60% des médias non autochtones ne proposent pas de formation spécifique pour couvrir les thèmes liés aux autochtones et seuls 8% des médias non autochtones ont accès à des financements publics pour le traitement des questions autochtones.
Pour remédier aux déficiences relevées, l’UNESCO formule 12 recommandations à l’intention des gouvernements, des entreprises des médias, des donateurs et des instances internationales.
Parmi elles figurent le renforcement de la reconnaissance juridique des médias autochtones, le développement de politiques éditoriales équitables, le soutien aux médias en langues autochtones et la garantie de conditions de travail plus sûres et intégratrices.
À propos du rapport de l’UNESCO
L’étude constitue la cartographie la plus complète jamais réalisée des médias par et pour les populations autochtones, puisqu’elle recueille les réponses de 308 entreprises des médias de 74 pays et de 128 médias non autochtones de 41 pays dans le cadre d’une enquête mondiale.
Elle comprend en outre une revue bibliographique dans laquelle ont été analysés 303 articles scientifiques, 51 documents politiques et 35 directives sur les médias.
En plus du recueil de données, l’étude s’appuie sur les nombreuses contributions fournies par de multiples parties intéressées.
Ces débats ont réuni des professionnels des médias autochtones, des organes de l’ONU, des universitaires et des acteurs de la société civile pour valider les conclusions, partager les points de vue et élaborer collectivement des recommandations fondées sur de bonnes pratiques.
On trouvera un résumé de l’étude en langue anglaise sur le site web de l’UNESCO, dont des versions dans d’autres langues seront publiées prochainement. Il servira de base pour aller de l’avant au sein de tout le système des Nations unies et de ses États membres.
– Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 3748.
– Traduction de Gilles Renaud pour Dial.
– Source (espagnol) : Servindi, 30 avril 2025.
En cas de reproduction, mentionner au moins les auteurs, le traducteur, la source française (Dial - www.dial-infos.org) et l’adresse internet de l’article.

