Accueil > Français > Amérique latine et Caraïbes > BRÉSIL - De Carajas à Pernambuco, contre l’impunité des assassins de (...)

BRÉSIL - De Carajas à Pernambuco, contre l’impunité des assassins de travailleurs ruraux sans terre : appel aux amis du monde entier

vendredi 13 avril 2012, mis en ligne par Thierry Deronne

Cher(e)s ami(e)s

Le 17 avril 2012 nous réaliserons diverses actions pour protester contre 16 ans d’injustices et contre l’impunité persistante des responsables du massacre de Carajas, au cours duquel 19 compagnons de lutte ont été assassinés.

À la suite d’un recours des coupables condamnés lors du premier jugement, le procès dort dans les tiroirs du Tribunal suprême fédéral. Les policiers sont toujours en liberté.

Pour appuyer cette mobilisation nous vous proposons de réaliser une action de solidarité dans vos pays, auprès de l’ambassade du Brésil, et d’envoyer des messages :
 au Président du Tribunal suprême fédéral, le ministre Carlos Pelusso. carlak chez stf.gov.br
 au Secrétaire spécial des droits humains du gouvernement fédéral, la ministre Maria do Rosario, Brasilia. c/o pedro.pontual chez sdh.gov.br
 ainsi qu’aux familles des travailleurs vivant actuellement dans l’unité de production Asentamento 17 de abril, municipalité d’Eldorado dos Carajas, État de Pará, c/o Ayala Ferreira, ayalaferreira chez hotmail.com.

Un fraternel abrazo à toutes et à tous

pour le secrétariat national du MST,
Joao Paulo Rodrigues
Janaina Strnozake
Joao Pedro Stedile


Le massacre d’Eldorado dos Carajas

Le 17 avril 1996, à environ 15 heures, la police militaire a débarqué dans un campement de 1.500 travailleurs sans terre au lieu-dit de la « Courbe en S » entre Eldorado dos Carajas et Maraba. Sous le commandement du major José Maria de Oliveira, commandant du CIPM 10/1 CIPOMA, deux bus et un camion en provenance de la ville de Parauapebas, avec à bord 68 hommes armés de deux carabines, quatre mitrailleuses, cinquante fusils et de revolvers.

Dans l’autre sens de la route sont arrivés trois autobus de plus. Sous le commandement du colonel Mario Pantoja Colares, commandant du bataillon de police militaire, ont débarqué 200 hommes équipés de mitrailleuses et de revolvers. Aucun des policiers ne portait d’identification appropriée. Ils avaient retiré et laissé dans la caserne la bande de tissu brodé qui les identifie.

Le bataillon de Maraba, commandé par le colonel Pantoja, a fait irruption en lançant des gaz lacrymogènes. Initialement, les travailleurs ont résisté avec des bâtons et des jets de pierres. En entendant les premiers coups de feu, ils ont tenté de s’échapper et de se protéger. Le massacre a duré environ une heure. 19 travailleurs ont été tués et 69 autres ont été blessés.

Les travailleurs assassinés sont Altamiro Ricardo da Silva (42 ans), Antonio Costa Dias (27 ans), Raimundo Lopes Pereira (20 ans), Leonardo Batista de Almeida (46 ans), José Ribamar de Souza (22 ans), Oziel Alvez Pereira (17 ans), Manoel Alvez de Souza (49 ans) Lourival da Costa Santana (26 ans), Antonio Alves da Cruz (59 ans), Abílio Alves Rabelo (57 años), João Carneiro da Silva, Antonio “Irmão”, José Alves da Silva (65 ans), Robson Vitor Sobrino (25 ans), Amâncio dos Santos Silva (42 ans), Valdemir Ferreira da Silva, Joaquin Pereira Veras (32 ans) et João Rodrigues Araujo.

Deux des blessés sont morts peu après : Francisco Divino da Silva et João Batista Penha.

Avril 2012. Les assassinats de Sans-terre continuent au Brésil

Ces derniers jours quatre travailleurs sans terre ont été assassinés au Brésil

Le 23 mars dernier, Antônio Tiningo a été assassiné dans une embuscade alors qu’il se dirigeait vers le campement de l’hacienda Açucena, municipalité de Jataúba, dans une zone rurale de l’État de Pernambuco.

Tiningo était un des coordinateurs du campement installé sur le grand domaine de l’hacienda Ramada, occupé il y a plus de trois ans. A la fin de 2011, bien que mise en production par les Travailleurs Sans Terre, cette hacienda a été rachetée par un entrepreneur du secteur de la confection et de la spéculation immobilière, connu comme Brecha Maia. Après l’achat des terres, ce grand propriétaire – qui possède d’autres haciendas dans la région – a expulsé illégalement des familles sans aucun mandat de justice ni présence de la police.

Les familles paysannes ont réoccupé la terre en février 2012 et depuis lors le propriétaire a menacé de les expulser par la force, menaçant personnellement plusieurs leaders régionaux dont Antonio Tiningo.

La semaine passée, Brecha Maia avait déclaré qu’il procèderait de gré ou de force à l’expulsion des familles et que cela se ferait le vendredi 23 au plus tard, jour de l’assassinat de Tinigo.

L’assassinat d’Antonio Tiningo est une conséquence de plus de l’inaction de l’État face à la violence et à l’impunité qui règnent dans l’état de Pernambuco. Vu que dans cette région les pouvoirs publics entretiennent des liens étroits avec les grands propriétaires terriens, le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST) exige que soit nommé un délégué spécial pour traiter rapidement cette affaire.

La direction du MST a également exigé la présence de l’Ombusdman agraire national, Dr. Gercino Filho, pour qu’il visite la région afin de dialoguer et de trouver des solutions aux fréquents conflits agraires dans cette zone.

Rassemblement du 2 avril 2012 en mémoire de João Pedro Teixeira, leader paysan assassiné par des hommes de main du grand propriétaire terrien, le 2 avril 1982, sur l’autoroute de Café do Vento, Sapé
Elizabeth Teixeira, veuve du leader paysan assassiné : « bien que je porte le poids de mes presque 90 ans je lutterai toujours pour la réforme agraire au Brésil, qui n’a pas encore été réalisée »

Source : MST
Traduction : Thierry Deronne

Pour soutenir concrètement le MST dans sa lutte, on peut écrire à Salete Carollo, prointer[AT]mst.org.br

Pour une information continue en français sur les activités du MST : http://mouvementsansterre.wordpress.com/

Les opinions exprimées dans les articles et les commentaires sont de la seule responsabilité de leurs auteurs ou autrices. Elles ne reflètent pas nécessairement celles des rédactions de Dial ou Alterinfos. Tout commentaire injurieux ou insultant sera supprimé sans préavis. AlterInfos est un média pluriel, avec une sensibilité de gauche. Il cherche à se faire l’écho de projets et de luttes émancipatrices. Les commentaires dont la perspective semble aller dans le sens contraire de cet objectif ne seront pas publiés ici, mais ils trouveront sûrement un autre espace pour le faire sur la toile.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.