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Lettre du Pôle Amérique latine n° 74 - septembre 2008

AMÉRIQUE LATINE - Retour sur le 3e Congrès missionnaire américain et le 8e Congrès missionnaire latino-américain (Quito, août 2008)

Père Philippe Kloeckner

mardi 30 septembre 2008, par CEFAL

Cet été, au cours de la deuxième semaine du mois d’août, ont eu lieu le 3e Congrès missionnaire américain, appelé « CAM 3 », et le Congrès missionnaire latino-américain, appelé « COMLA 8 ». Nous étions près de 3 000 participants réunis à Quito (Équateur).

Depuis 1977, se sont déroulés régulièrement des congrès ayant pour but de dynamiser l’action missionnaire des chrétiens du continent latino-américain.

En 1999, l’Église en Amérique a voulu plus largement réunir toutes les Amériques en un seul congrès. Alors est né le CAM. Le premier congrès eut lieu en Argentine. Puis ce fut le tour du Guatemala d’accueillir cette imposante et importante manifestation continentale. C’est au Guatemala que Quito fut choisi pour être le siège du congrès de 2008.

Suite de la Conférence d’Aparecida

Ces rencontres missionnaires veulent recueillir le travail réalisé dans chacun des pays, mais aussi ouvrir de nouveaux chantiers à la Mission. La décision prise à Aparecida de lancer une grande Mission continentale ne pouvait qu’encourager tous les acteurs de la pastorale à s’intéresser à l’événement de Quito.

Quelle variété de couleurs sur les nombreux drapeaux ! Les chants, les danses, les vêtements, tout cela contribuait à mettre en valeur chaque région d’origine. La mise en route quotidienne donnait une large expression à la grande diversité des provenances. L’ambiance fraternelle a très vite pris le dessus pour montrer un continent chaleureux dans ses retrouvailles, décidé à faire Église, joyeux de célébrer son Seigneur bien vivant et en attente pour s’engager, encore plus, dans la Mission.

Les participants venaient de tous les horizons et de toutes les catégories sociales. Il y avait une majorité de laïcs. Les délégations étrangères attendaient avec bonheur cet événement auquel elles ont participé avec ardeur. Nous étions quelques-uns de France et un bon groupe de toute l’Europe.

Écoute, apprends et annonce (photo : Philippe Kloeckner)

Les exposés du matin

Le matin, un temps de recueillement inaugurait la journée sous le regard de Dieu. Les matinées étaient consacrées aux exposés. Ceux-ci ont conduit chaque participant à réfléchir sur la réalité du continent américain, sur ses potentialités mais aussi ses faiblesses. L’Église a voulu prendre le temps de regarder ses pratiques, ses fonctionnements, pour oser aller de l’avant en ayant le courage de voir ses erreurs, en dénonçant ses faiblesses, mais aussi en ayant à cœur de mettre en valeur ses forces, ses atouts pour mieux servir Dieu et les hommes.

 Le cardinal Oscar Rodríguez Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa au Honduras, intervint le premier, sur le thème : « Communauté, disciple de Jésus ». La suite du Christ conduit toujours à la Mission.
 Mgr Luis Augusto Castro, archevêque de Tunja en Colombie, a développé le second thème : « Communauté poussée par l’Esprit ». Avec beaucoup d’humour, il a su captiver l’assemblée, en montrant comment l’Esprit pousse la communauté, comment Il dynamise toute vie et favorise cette puissante impulsion vers l’autre, au nom de Dieu, à l’exemple du Christ.
 La dernière conférence « Missionnaire pour l’humanité » fut extraordinaire, très décapante et audacieuse de la part de Mgr Erwin Kräutler, évêque de Xingu, au Brésil. Sa conviction est que nous pouvons nous exposer à la souffrance des autres pour qu’à travers eux, nous expérimentions la Compassion de Dieu.

Personne n’a pu repartir de ce congrès en faisant l’impasse sur le monde dans lequel nous vivons. Il est à souhaiter que ces textes fassent du chemin, non seulement dans le cœur des congressistes, mais qu’ils puissent être utilisés dans la pastorale ordinaire dans l’ensemble de l’Amérique, jusque dans les coins les plus reculés. Je garde la conviction que personne n’est reparti le même, après ces temps de réflexion.

Les forums de l’après-midi

En début d’après-midi, nous pouvions profiter de tous les stands, expositions, ventes, démonstrations, mini-rencontres avant de reprendre avec les 16 forums qui portaient sur une grande variété d’activités de l’Église, concernées par la mission.

Ces forums ont permis des débats assez riches avec des interventions fortes, des témoignages saisissants. Chacun a fait des propositions qui ont été recueillies et mises en forme. Elles devraient donner de bonnes pistes de travail pour ceux et celles qui veulent approfondir leurs recherches et leurs échanges sur tel ou tel aspect de la Mission.

La variété des thèmes, la qualité des débats, la profondeur des partages montrent, si besoin en est, que la Mission n’est pas facultative mais qu’elle est partie intégrante de la vie de l’Église, et qu’elle est véritablement au cœur de la vie de tout chrétien.

Tous ces travaux et ces échanges étaient célébrés dans l’Eucharistie du soir. Même si peu d’efforts d’inculturation ont été mis en œuvre, l’assemblée a vécu ces célébrations avec intensité. Le premier jour, on a vécu un moment d’émotion avec l’accueil des reliques de Sainte Thérèse de Lisieux, patronne des missions. La célébration finale du Congrès eut lieu au stade national de Quito. Ouverte à tous, elle a rassemblé plus de 30 000 personnes. Elle s’est terminée par l’envoi solennel en mission de chacun des congressistes pour qu’il anime à son tour sa communauté d’origine, fort de la richesse de cet événement. C’est aussi à la fin de cette messe que l’on a annoncé que le Venezuela organiserait le prochain Congrès Missionnaire, dans 4 ans, en 2012.

En route vers la célébration eucharistique finale (photo : Philippe Kloeckner)

Quelques brèves impressions

 Ce qui m’a marqué, c’est vraiment la diversité des provenances : de toutes les nations, beaucoup de communautés indigènes, différentes catégories sociales et professionnelles.
 Le climat d’écoute. Un respect mutuel des engagements de chacun dans une Église très diverse. C’est toujours merveilleux de constater que l’on arrive à se réunir en étant si différents.
 La qualité des intervenants. Nous avons apprécié les conférences, les forums. Nous avons aussi apprécié la qualité de l’organisation et la générosité de tous les serviteurs de ce congrès.
 La joie permanente de tous, malgré le froid et certains inconforts toujours existants dans de telles manifestations. Joie éclatante, joie révélatrice aussi d’une Église bien vivante, en particulier chez les jeunes présents à ce congrès. On devinait un réel bonheur d’être disciple de Jésus.
 La Mission en acte. Le samedi, tous étaient invités à la rencontre des habitants de Quito. Sur la réserve au début, j’ai été conquis par tous les moments passés avec un peuple accueillant et en attente.

Quelques attentes, voire des regrets

 Peu de conclusions très engageantes pour cette fameuse Mission Continentale décidée à Aparecida. Peut-être faut-il attendre encore, pour voir les choses se préciser.
 Des célébrations qui auraient gagné à être moins romaines, et plus « inculturées », surtout lorsque l’on veut être plus attentifs aux peuples indigènes.
 Les forums mélangeaient des gens très divers. Cela a rendu les débats plus difficiles, car certains participants mettaient du temps à entrer dans la problématique traitée.

Maintenant

Chacun est rentré dans sa terre natale pour s’engager dans la Mission et entraîner avec lui une foule de disciples, chaque fois plus missionnaires. Chaque diocèse, chaque paroisse va choisir ses pistes, pour encourager cet élan sur le terrain.

Le CELAM, comme d’habitude, va recueillir les expériences, tout en orientant ceux qui seraient en panne d’idées. La Mission continentale doit durer 10 ans. Sur tout le continent, devraient voir le jour des initiatives qui vont venir renforcer le travail déjà en route.

Donnons-nous rendez-vous, d’ici 4 ans, pour faire un premier bilan de ce qui aura été vécu depuis « Aparecida » et depuis ce congrès missionnaire de Quito. À 2012 !


Lettre du Pôle Amérique latine n° 74 - septembre 2008.

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