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DIAL 2727 - Dossier : Cultures transgéniques en Amérique latine

AMÉRIQUE LATINE - La présence de cultures transgéniques dans divers pays d’Amérique latine

dimanche 16 mai 2004, par Dial

La culture de variétés transgéniques, essentiellement de maïs et de soja, est déjà répandue dans certains pays d’Amérique latine. C’est, par exemple, le cas de l’Argentine en matière de soja. D’autres pays ont décidé l’interdiction de ces cultures, tel le Guatemala et le Venezuela. Dans d’autres encore, les variétés transgéniques sont tolérées, parfois de façon provisoire pour régulariser une situation antérieure comme c’est le cas au Brésil et au Paraguay, ou sont accompagnées de mesures nettement restrictives. Partout le débat a lieu sur la nocivité ou l’inocuité éventuelle de ces cultures pour la santé humaine et la biodiversité. Nous publions plusieurs dossiers relatifs aux cultures transgéniques en Amérique latine aujourd’hui. Des articles particuliers sont consacrés au Mexique [1] et au Brésil [2] et des informations concernant divers autres pays ont été regroupés dans le dernier dossier [3].


Amérique centrale

Costa Rica

Au Costa Rica, où est autorisée depuis le début des années 90 la production de semences transgéniques de maïs à des fins exclusives d’exportation, il n’y a pas de preuve de contamination, a déclaré à Tierramérica Alex May, de la Commission nationale de biosécurité du ministère de l’agriculture et de l’élevage. Ce pays consacre quelque 18 000 hectares au maïs, et importe annuellement des Etats-Unis environ 70 000 tonnes de cette graminée.

Guatemala

Au Guatemala, pays clef pour l’origine du maïs avec le Mexique, l’expérimentation, la culture et l’importation des variétés génétiquement modifiées ont été interdites depuis 1998.

« L’interdiction se justifie parce que, lors de la pollinisation, un transgénique peut se mêler avec des variétés locales et engendrer une situation difficile », a déclaré à Tierramérica l’agronome Salvador Sandoval (…)

Ce pays consacre 60 000 hectares à la production du maïs, qui sont insuffisants pour couvrir la demande interne. Chaque année il importe quelque 11,5 millions de tonnes de ce grain. Des situations semblables se présentent dans toute l’Amérique latine et les Caraïbes.

Honduras

En Amérique centrale, le Honduras est le seul pays qui autorise la culture commerciale des variétés transgéniques de maïs. Ici, des sources officielles estiment que ceux qui refusent ces cultures le font parce qu’ils sont mal informés ou parce qu’ils croient qu’elles sont en relation « avec la sorcellerie ». Mais l’ensemble des arguments contre cette culture est beaucoup plus complexe et inclut des raisonnements scientifiques sur les risques qu’elle peut impliquer pour les écosystèmes, la sécurité alimentaire et les cultures de la région.

Les variétés transgéniques « n’ont apporté que des bénéfices » au Honduras, a déclaré à Tierramérica Francisco Gómez, un des porte-voix de l’Institut national d’information agricole de ce pays, qui a autorisé en 2003 la culture commerciale de la céréale.

Près de 2 000 des 350 000 hectares consacrés au maïs au Honduras le sont avec des variétés génétiquement modifiées.

Diego Cevallos, Tierramérica et IPS, octobre 2003

Amérique du Sud

Argentine

L’Argentine produira cette année 34,5 millions de tonnes de soja transgénique (Clarín, 17 mars 2004).

Le soja Roundup Ready, résistant au glyphosate) s’est propagé dans notre pays en déplaçant et en détruisant des dizaines d’autres activités liées directement à la production d’aliments, à la consommation de la population et à la production industrielle. Des cultures horticoles, apicoles, des étables, des champs d’élevage, des pâtures, des vergers, des productions forestières, des forêts naturelles ont disparu tout comme d’autres cultures telles que celles de la pomme de terre, du riz, des patates douces, des lentilles, de la caroube, du coton, du lin, du blé, du maïs, etc. Ce processus a gravement affecté l’ancienne et abondante souveraineté alimentaire de la nation, nous obligeant à importer des aliments comme du lait, des poulets, des lentilles et de la caroube, entre autres.

L’expansion du soja transgénique a également permis un processus de concentration de la terre (…)

Selon le dernier recensement agraire, entre 1991 et 2001 environ 160 000 petits producteurs ont disparu, ce qui a pour résultat que 6 200 propriétaires possèdent 49,6% du total de la terre et que 17 millions d’hectares sont déjà aux mains de propriétaires étrangers.

Rebelion / trad. RISAL

Paraguay

L’an passé le Paraguay a décidé d’autoriser la plantation de soja transgénique uniquement pour régulariser une situation qui datait déjà de cinq ans. La décision a accru les conflits entre paysans, grands producteurs et gouvernement, qui ont entraîné ces derniers mois la mort de deux personnes protestant contre la fumigation effectuée avec des pesticides.

Dans le pays, la culture de soja transgénique est la source principale d’exportation paraguayenne. Cependant, cette production majeure est aussi la cause d’un conflit social intense, qui engendre diverses manifestations (…)

Actuellement, les paysans veulent que l’on en termine avec les fumigations de pesticides, car ceux-ci viennent à bout de tout ce que produit la terre à l’exception du soja transgénique. Selon ce qu’affirme la Fédération nationale paysanne, les petits agriculteurs ne sont pas disposés à permettre qu’il y ait des cultures de soja dans la prochaine récolte.

La « guerre du soja » est un conflit agricole qui est né de la rapide expansion de la culture du soja transgénique dans le pays. Des données de la revue Biodiversidad en América Latina indiquent que la culture de ce produit occupe près de 2 millions d’hectares de terre et l’on prévoit que lors des prochaines récoltes, on atteindra les 4 millions de tonnes de grains.

La majorité des producteurs sont de grands propriétaires, dont beaucoup sont des colons brésiliens, appelés populairement les « Brésiguayens » [4], qui ont été attirés par les faibles impôts payés sur la production.

Mais les fumigations massives sont les vraies causes de ce conflit social. Les pesticides ne permettent pas que pousse dans la région d’autre aliment que le soja. D’autres informations disent que les fumigations sont utilisées comme armes de guerre pour chasser les paysans des terres qu’ils travaillent.

Adital, 25 mars 2004

Venezuela

CARACAS, 21 avril 2004. Le président du Venezuela, Hugo Chávez Frias a annoncé que les semences transgéniques seront interdites sur le territoire du Venezuela, instaurant ainsi la prohibition la plus drastique des cultures d’OGM de l’hémisphère occidental. Si les modalités de cette politique sont encore à arrêter, la décision du président Chávez a d’ores et déjà provoqué la résiliation du contrat que le Venezuela avait négocié avec la multinationale américaine Monsanto.

Face à un parterre de sympathisants internationaux réunis récemment à Caracas, le président Chávez a condamné les semences génétiquement modifiées comme étant contraires aux intérêts et aux besoins des paysans et des travailleurs ruraux du Venezuela. Il a dès lors réduit à néant les plans de Monsanto d’établir une plantation de 150 000 hectares de soja transgénique dans ce pays (…)

L’organisation paysanne internationale Via Campesina, qui représente plus de 60 millions de paysans et travailleurs ruraux, avait alerté l’administration de Chávez dès qu’elle avait été informée du contrat qui se préparait avec Monsanto. Selon Rafael Alegria, secrétaire général de Via Campesina, Monsanto et Cargill sont à la recherche d’autorisations pour produire du soja transgénique au Venezuela.

« Cet accord s’opposait aux principes de souveraineté alimentaire qui guident la politique agricole du Venezuela » a déclaré Alegria quand il a été informé de la décision du président. « Il s’agit d’une question très importante pour les paysans et les populations indigènes d’Amérique latine et du monde ».

Jason Tockman, Venezuelanalysis.com, Venezuela 13 avril. Traduction P.-E. Dupret/ Collectif

Monsanto renonce au blé transgénique

Monsanto [5] a annoncé hier qu’il suspend tous ses efforts pour introduire le blé Round Up Ready et qu’il arrête la sélection et la recherche en champ de cette culture. Monsanto avait entamé en 2003 une procédure de demande d’autorisation pour planter et commercialiser son blé OGM aux Etats-Unis et au Canada.

Cette annonce fait suite à la décision de Monsanto, l’année dernière, de mettre un terme à ses recherches sur les plantes médicaments. Elle intervient également suite à l’annonce de Bayer en Angleterre de ne pas commercialiser son maïs génétiquement modifié Chardon LL, qui avait pourtant reçu l’autorisation des autorités anglaises.

« Partout, les firmes productrices d’OGM se rendent compte que le développement de ces derniers est contraire à l’essor d’une agriculture durable et de qualité, mais également aux souhaits des populations. »

Greenpeace, 11 mai 2004

 Dial – Diffusion d’information sur l’Amérique latine – D 2727.
 Traduction Dial.
 Source (espagnol) : voir à la fin de chaque texte.

En cas de reproduction, mentionner la source francaise (Dial) et l’adresse internet de l’article.

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