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Lettre du Pôle Amérique latine, n° 84 - mars 2011

Rencontre des prêtres fidei donum d’Europe en Amérique latine

Paul-André Arnaudon et Jacques Hahusseau

jeudi 31 mars 2011, mis en ligne par CEFAL

L’intention

Du 7 au 11 février 2011, 52 prêtres diocésains et 6 évêques fidei donum, incardinés en différents diocèses d’Italie, de France, d’Allemagne, de Belgique, de Pologne et d’Espagne, ont participé à la première « Rencontre des prêtres fidei donum d’Amérique latine », à Bogota en Colombie. L’invitation est venue du CELAM (Conseil épiscopal latino-américain), par l’intermédiaire de son Institut de formation : ITEPAL. C’est la première rencontre organisée pour les prêtres européens qui travaillent dans les différents pays d’Amérique latine, avec le CELAM, depuis l’appel de l’encyclique Fidei Donum en 1957.

On peut se demander pourquoi l’Église d’Amérique latine nous invite ? Il semble qu’après tant d’années de travail missionnaire, elle découvre et reconnaisse l’importance de cette présence missionnaire de prêtres européens dont l’originalité est d’être orientée vers les quartiers pauvres et les peuples originaires. Elle veut ainsi valoriser cette présence missionnaire et remercier l’initiative des évêques européens qui ont répondu à l’appel du pape Jean XXIII à envoyer des prêtres pour soutenir cette Église et ses communautés. Il y a un échange qui se crée aujourd’hui, non seulement des pays d’Europe vers l’Amérique latine, mais aussi des pays d’Amérique latine vers l’Europe.

Il était important de répondre à cet appel. Notre participation aura une répercussion dans les Églises d’Amérique latine où nous sommes présents. D’ailleurs un document final a été envoyé aux différents responsables nationaux, aux responsables des divers organismes missionnaires et aux évêques diocésains.

La méthode de travail de cette rencontre

Nous nous sommes tous rendu compte que la méthode proposée n’était pas celle que nous employons quand nous nous rencontrons entre missionnaires de nos divers pays. Habituellement, nous partons toujours de la vie et de la réalité dans laquelle nous sommes insérés. À partir de celle-ci, nous approfondissons des thèmes importants pour la Mission, avec des éclairages théologiques, historiques, politiques.

Là, invités par le CELAM, nous nous sommes adaptés à une forme, plus « romaine », d’exposés magistraux, sur l’histoire de l’Église en Amérique latine, sur le CELAM, et la vocation de l’ « ITEPAL », puis sur l’histoire des 5 conférences du CELAM, dont bien sûr celle d’Aparecida. A partir de là, nous avons tiré des conclusions sur nos orientations missionnaires pour ce temps. Bien que la méthode diffère, les résultats et les orientations missionnaires sont bons et intéressants.

Après cette première rencontre, on pourrait envisager pour l’avenir une autre rencontre en partant de nos insertions dans les diverses cultures et de l’énorme richesse des milieux de vie où nous sommes immergés.

L’ambiance

L’ambiance était à l’écoute fraternelle et au partage dans un groupe aux composantes bien diverses, tous âges confondus !

Étaient là présents d’abord les « anciens fidei donum », ceux de la première heure, venus de différents pays d’Europe, mais unis par une même sensibilité ecclésiale. Ils ont grandi avec le « voir/juger/agir » qui les conduisait vers les petits et les pauvres des quartiers périphériques. Leur pensée théologique était animée par la pratique libératrice de Jésus. Ils vivaient courageusement leur insertion chez les pauvres et travaillaient à construire un autre monde de Justice et de Paix... Beaucoup sont maintenant rentrés dans leur diocèse d’origine.

Parmi les présents, les Italiens et les Espagnols sont les plus nombreux. Les Français étaient réduits au « petit reste » ! Il y avait aussi un groupe important de jeunes prêtres polonais avec leur manière originale de vivre la foi et la communion ecclésiale. Nous avons créé des liens, écouté les opinions de tous, et perçu les différences ! L’important était de se rencontrer pour voir comment vivre la Mission. Quel chemin d’Église faut-il privilégier ? Comment se faire discret et en même temps vivre les convictions et les exigences ecclésiales héritées du Concile Vatican II ?

Les principaux thèmes abordés

  • La Ve Conférence d’Aparecida

Le thème a été traité par Mgr Luis Castro, évêque de Tunja en Colombie, qui a participé à la Conférence et à l’élaboration du document final. Il a apporté de nouveaux points de vue. Il est toujours bon de revenir sur ces textes avec de nouvelles lectures, comme nous revenons aussi sur d’autres textes si importants de Medellín et de Puebla.

On peut diverger sur quelques points de son exposé comme par exemple la méthode « voir/juger/agir ». Après avoir rejeté cette méthode dans la préparation, on l’a plus ou moins bien récupérée à la demande des Églises locales. Mais il manque une véritable analyse des causes de la réalité. Ce qui fait que les conclusions de la mission viennent comme parachutées d’en haut, et ne s’accordent pas toujours avec la lecture de cette réalité.

Cela n’enlève rien à la grande valeur des chapitres importants, basés sur l’évangile, la filiation à Jésus-Christ et la volonté d’être ses disciples. La Mission naît de la volonté d’être disciples de Jésus-Christ. Mgr Castro a insisté sur la nécessité de s’ouvrir aux autres pays lointains ou différents, mais aussi à des milieux qui sont loin de l’Église.

  • Les défis pour la mission

Le travail de groupe « inter-pays » a montré les préoccupations communes des missionnaires. Cela a préparé directement les conclusions sur les projections pour la mission aujourd’hui et les perspectives d’avenir qui sont exprimées dans un document final qui s’intitule : “Coopération entre Églises d’Europe et Églises d’Amérique Latine, entre histoire et exigences nouvelles”. Il sera communiqué et viendra alimenter la réflexion dans les différents pays. Les idées essentielles sont :

  L’importance de la formation des agents pastoraux.
  L’attention aux migrants, à la pastorale rurale et indigène.
  L’attention aux nouveaux groupes religieux.
  L’importance des grandes villes et de la pastorale urbaine.
  La pastorale des jeunes générations.
  L’attention à la présence des prêtres latino-américains en Europe.

  • La répercussion dans le pays d’insertion

Chaque pays présent à cette rencontre va réagir et s’organiser en fonction de ses « troupes » et de ses forces : l’Italie, l’Espagne, la Pologne ont encore du monde dans les pays du continent. La France n’a qu’un petit reste, mais l’espérance est au cœur de chacun.

Au Chili, les missionnaires français sont déjà très intéressés par les thèmes abordés à cette session de Bogota. Dans les repas communs qui les réunissent régulièrement à Santiago, et dans les rencontres dans les autres régions du pays, ils parlent de la vie de chacun, des événements, des thèmes de rencontres. C’est un exemple à suivre pour penser l’avenir et nourrir l’espérance, et relancer la « relève missionnaire » en France !

« Sois avec nous Seigneur... Tu es la lumière de nos cœurs, tu revigores notre ardeur avec la certitude de la Pâque… Tu nous soutiens par la fraction du pain, pour annoncer à nos frères que tu es vraiment ressuscité et que tu fais de nous les témoins de ta victoire » (Prière pour la Mission).

Paul–André ARNAUDON, fidei donum de Lyon au Chili
Jacques HAHUSSEAU, fidei donum de Cahors au Brésil


Lettre du Pôle Amérique latine, n° 84 - mars 2011.

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