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La politique de la couleur : le racisme et le colorisme

Boaventura de Sousa Santos

mardi 18 mai 2021, mis en ligne par Françoise Couëdel

10 mai 2021 - Comment expliquer que, bien que l’origine de l’humanité se situe dans les régions du plus grand rayonnement ultraviolet, la couleur de la peau soit devenue un marqueur de déshumanisation ?

La peau est notre meilleure barrière de protection naturelle. Pourquoi la couleur de la peau a-t-elle une signification sociale infiniment plus grande que celle de la couleur des yeux ? Aussi bien dans la tradition chrétienne (y compris lors de la sécularisation durant laquelle elle s’est prolongée) que dans la tradition bouddhiste, l’obscurité et la clarté ont été les métaphores conceptuelles qui ont prétendu expliquer le perfectionnement de la personne humaine dans ses relations aux pouvoirs qui la transcendent. Elles renvoient aux mouvements de la connaissance et de la vie intérieure. La trajectoire de l’obscurité à la clarté est ouverte à tous les être humains. Et, de fait, la plus grande clarté (par exemple en présence de la divinité) peut devenir la plus grande des obscurités. L’horreur divine selon George Bataille en est un exemple, ou, le plus grand des silences de l’univers, selon José Saramago.

Néanmoins, avec l’expansion coloniale moderne européenne, surtout à partir du XVIe siècle, l’obscurité et la clarté ont été progressivement utilisées pour catégoriser les êtres humains, les classer et les hiérarchiser. C’est alors que l’obscurité et la clarté ont été utilisées comme facteurs identitaires, pour définir les couleurs de peau des êtres humains en transposant sur eux cette définition des significations anciennes.

Si auparavant ces significations partaient de la condition commune des humains, à partir de ce moment-là, la couleur de la peau deviendra un des vecteurs fondamentaux de la ligne abyssale qui distingue les humains des sous-humains, la distinction qui sous-tend le racisme.

Une fois appliquée à la peau humaine comme facteur déterminant, la couleur est devenue la façon de désigner des caractéristiques « naturelles » qui définissent dès le début les relations sociales permises ou interdites. Ce qui est « naturel » est devenu une construction sociale conçue comme un facteur extra-social de la légitimité de la hiérarchie sociale définie depuis les métropoles coloniales.

Le « noir » est devenu « couleur », symbole de ce qui est négatif et le « blanc », « l’absence de couleur », symbole de ce qui est positif. C’est ainsi qu’est né le racisme moderne, un des préjugés principaux et des plus destructeurs de la modernité eurocentrique. Comme l’analyse parfaitement Francisco Bethencourt, le racisme, bien qu’il ne soit pas un trait exclusivement occidental, a joué avec l’expansion coloniale européenne un rôle central dans la classification hiérarchisée des populations [1]

Bien qu’ayant subi de nombreuses mutations, le préjugé racial a connu une constante remarquable. D’une part, l’immense diversité des traits physiologiques et les nuances de couleurs de peau n’empêchent pas que le préjugé s’adapte et se module incessamment en fonction des contextes, semblant parfois un résidu du passé, resurgissant parfois avec une virulence accrue. Par ailleurs, sa nature insidieuse découle de sa « disponibilité » à être intériorisé par celles ou ceux qui en sont victimes. Dans ce cas les unes et les autres en viennent à évaluer leur existence et leur rôle dans la société en fonction du canon de la hiérarchie raciale.

Enfin, la logique raciale de la couleur s’insinue si profondément dans la culture et le langage qu’elle est présente dans des contextes si banalisés qu’elle semble n’avoir rien à voir avec les préjugés. Par exemple, dans la communauté des pays de langue portugaise (du moins au Brésil et au Portugal) les enfants apprennent que le crayon de couleur beige est celui de la couleur de la peau.

La primauté donnée à la vue dans l’analyse eurocentrique du monde explique que la couleur de la peau soit l’une des variations les plus visibles parmi les humains. Elle est en rapport avec la réponse aux rayons ultraviolets. La peau la plus foncée, avec plus de mélanine, protège les populations originaires des régions proches de l’Équateur. Par conséquent, à l’origine, elle est une réponse physico-biologique à l’environnement. Comment expliquer, si l’origine de l’humanité se trouve dans des régions de plus grand rayonnement ultraviolet, que la couleur de la peau ait fini par devenir un marqueur de déshumanisation.

La perception de la couleur a cessé d’être une caractéristique physique de la peau pour devenir un marqueur de pouvoir et une construction culturelle. Le XIXe siècle et les premières décennies du XXe siècle ont connu l’apogée de l’explication scientifique des différences raciales, dont découlaient, logiquement, la hiérarchie sociale et la recommandation du non métissage, l’eugénisme, l’apartheid et l’élimination de celles qui étaient considérées comme des races inférieures [2]. Le concept d’« under man », (sous-homme) a gagné en popularité avec le livre de l’États-unien Lothrop Stoddard, The Revolt Against civilisation : The Menace of the Underman, publié en 1922, qui deviendrait le manuel des nazis. Après la Seconde Guerre mondiale et face à la catastrophe du génocide nazi et au fascisme, le paradigme de la science raciste a été progressivement démonté.

Aujourd’hui, les études génétiques démontent que, comme les classifications raciales ne se traduisent pas par des différences génétiques importantes, parler de race comme catégorie biologique n’a aucun sens. En fait la variation génétique entre groupes raciaux est minime en comparaison des différences génétiques au sein d’un même groupe. En d’autres termes, l’idéologie raciste survit au démantèlement des « bases scientifiques » du racisme. En dépit du discrédit de la base scientifique du racisme, le racisme en tant qu’idéologie perdure et s’est même accentué ces derniers temps. Les caractéristiques morphologiques du visage, des cheveux ou de la couleur de peau continuent à être utilisés comme marqueur de discrimination raciale et, dans de nombreux pays, elles déterminent les variations dans la discrimination qui sont dirigées contre divers groupes sociaux racialisés, qu’ils soient nègres, asiatiques, indiens, gitans ou latins, pour ne pas mentionner, selon l’époque et le contexte, les Juifs, les Irlandais, les Portugais, les Espagnols, les Italiens, les slaves. La couleur de la peau, concrètement, a acquis une signification particulièrement insidieuse en déterminant des différences systématiques de traitement au sein de groupes qui partagent la même « identité racialisée » ou « communauté de couleur ».

Dans les Amériques, ce phénomène a conduit à la formulation du concept de colorisme pour désigner ce traitement différentiel. Il n’y a pas de colorisme sans racisme ni colonialisme. Le colorisme amplifie la complexité et la gravité des récits et des pratiques racistes et réitère la violence épistémique et ontologique du projet colonial, une violence plus cruelle encore quand elle se produit dans des groupes racialisés. Le code coloriste établit que plus la couleur de la peau est « blanche » plus grande est la possibilité pour quelqu’un d’être candidat aux privilèges de la blanchitude. Mais, à l’égal de ce qui se passe avec l’identité raciale, la définition de la couleur de la peau est une construction sociale, culturelle, économique et politique.

Les études sociales de la couleur de peau montrent que l’identification et la classification de la couleur de peau varient d’une société à une autre et au sein même d’une société. Il est bon de rappeler que Bethencourt a décidé d’étudier l’histoire du racisme pour répondre à cette question. Comment est-il possible que la même personne soit considérée noire aux États-Unis, de couleur dans la Caraïbe ou en Afrique du sud et blanche au Brésil ? Moi, j’ajouterais deux autres questions. Pourquoi la classification varie-t-elle à l’intérieur même d’un pays ? Dans le cas de la société brésilienne, celui qui est considéré blanc à Bahía peut être considéré comme noir à São Paulo Et cette classification peut elle changer dans le temps ?

Quand on parle de façon critique du racisme, il y a une tendance importante à souligner les dommages, la violence et la destruction qu’elle cause sur les populations racialisées. Cependant, de cette manière, la couleur de ceux qui suscitent le racisme devient invisible. La peau de celui qui pratique cette attitude raciste n’a pas de couleur, surtout dans un contexte ou la « couleur blanche » est associée au maintien des privilèges hérités de l’esclavage et du colonialisme. On pourrait dire la même chose de la peau des Arabes saoudiens par rapport aux Pakistanais, des Philippins ou des Bangladais, ou des Chinois dans leur rapport aux Africains. Ainsi deviennent invisibles aussi bien la couleur de la peau que les privilèges qu’elle justifie. Pourquoi l’analyse critique du racisme influe-t-elle principalement sur la discrimination dont souffrent les corps racialisés et omet-elle les privilèges dont jouissent les corps non racialisés ?

Au final, quand on parle de la « suprématie blanche » on ne parle pas de la qualité de la couleur, mais du pouvoir et des privilèges qu’elle suppose. Bien au-delà des contextes de la suprématie blanche (la blanchitude) l’usage raciste de la couleur et de l’absence de couleur est toujours lié à l’instrumentalisation du pouvoir et des privilèges. J’ai mentionné antérieurement le racisme des Chinois en Chine contre les Africains noirs. Ce qui est certain est que la Cour suprême d’Afrique du Sud a établi, en 2008, que dans le but d’accéder à une discrimination positive pour promouvoir l’émancipation économique des noirs, les Chinois nés en Afrique du Sud étaient considérés comme… noirs.

La conclusion urgente semble être la suivante : seules des raisons politiques et des luttes de pouvoir peuvent expliquer l’instrumentalisation sociale de la couleur de peau et, de ce fait, elles seules expliquent que l’augmentation probable de la multiplicité des nuances de couleur de peau, résultant du métissage, ou créolisation, ne se traduise pas par la fin du racisme, de la violence et des injustices qu’il entraine. En dépit de la diversité des contextes déjà mentionnée, historiquement le problème s’est particulièrement accru dans les pays où existe une population considérée blanche, aussi limitée soit elle, mais en position de pouvoir, et revêt des aspects divers dans des contextes différents. La recherche s’est orientée principalement sur la façon dont les différences de couleur de peau entre personnes considérées de « la même race » déterminent des différences de traitement. Le cas le plus étudié est celui des pays qui ont hérité de la violence de l’esclavage, particulièrement dans le contexte états-unien.

Les analyses montrent clairement qu’en dépit des avancées très significatives dans l’accès à des charges publiques et privées de personnes classées comme étant de race noire (ou de toute autre race qui ne soit pas blanche), qui est le résultat des luttes contre la discrimination raciale, particulièrement au cours des dernières cinquante années, il est certain que les personnes racialisées qui ont accédé à ces postes sont, en général ceux qui ont la couleur de peau la plus claire.

En dépit de l’immense diversité des nuances de couleur de peau, la couleur de la peau a indiqué et indique non seulement des différences raciales, mais aussi des différences de traitement au sein de la même identité raciale. Le colorisme est peut-être l’arme la plus insidieuse du racisme pour diviser les groupes racialisés. Par exemple, aux États-Unis, les esclaves noirs de couleur plus claire étaient plus chers et étaient recherchés pour le travail domestique dans la maison des maitres de la plantation, tandis que les esclaves de couleur plus foncée étaient destinés à de durs travaux dans les champs.

En fait, les trafiquants d’esclaves utilisaient les différences de couleur de peau pour provoquer la division entre les esclaves. Bien après l’abolition de l’esclavage, le racisme et le colorisme non seulement ont perduré, mais se sont étendus à de nouvelles catégories de population, par exemple, aux immigrants européens. C’est-à-dire que la matrice d’exclusion basée sur le racisme de la différenciation phénotypique a une dynamique si cruelle et si insondable qu’elle se propage « par analogie ». Aux États-Unis, au début du XXe siècle, les Irlandais, les Italiens, les Portugais furent considérés comme « des blancs foncés » et ce n’est que graduellement (complètement ?) que leur couleur de peau a été progressivement « blanchie », accompagnant leur ascension sociale. Est-ce l’ascension sociale qui a blanchi leur peau ou est-ce la peau sans matrice phénotypique qui a facilité leur ascension ? La réponse est évidente.

La persistance du racisme et du colorisme est évidente au Brésil sur cet instantané photographique. Le 22 mars 2018, le Wall Street Journal bien connu a publié un reportage intitulé « La demande de sperme états-unien augmente de façon exponentielle au Brésil ». Il rapporte qu’au cours des sept années précédentes l’importation de sperme états-unien par des femmes brésiliennes blanches, riches, célibataires et lesbiennes avait augmenté de façon extraordinaire. Les préférences étaient pour les donateurs à la peau claire et aux yeux bleus. Selon Fairfax Cryobank, le plus important exportateur de sperme vers le Brésil, ce pays a été le marché du sperme qui a connu la plus forte croissance. Tandis qu’en 2017 il n’avait importé que 11 tubes de sperme, en 2017 le chiffre est monté à 500 tubes. Selon le journaliste cette préférence pour les donneurs blancs reflète l’inquiétude que suscite le racisme « dans un pays où la classe sociale est intimement liée à la couleur de la peau ».

Pour les clientes, « les enfants à peau claire auront plus de chance d’avoir de bons salaires et un traitement plus juste de la part de la police ». Aux États-Unis, les femmes noires dont la couleur est la plus claire et qui ont des traits européens, dans toutes les situations ont plus de chance, d’obtenir un emploi, de faire carrière, de figurer dans les concours de beauté ou dans les vidéos musicales. Pour ce qui est du Brésil le témoignage de Bianca Santana reflète cette dimension du racisme structurel : « Ma peau n’est pas très foncée. J’ai la couleur du métissage brésilien, notion qui a été utilisée tant de fois pour proclamer le mythe de la démocratie sociale… pouvoir être vue comme blanche, mieux, comme non noire, m’a donné la chance que je n’aurais probablement pas eue si ma peau était foncée, celle d’occuper un poste de coordinatrice dans un collège européen de l’élite [3].

Le colorisme a existé aussi à l’intérieur d’un même groupe racial quand, par exemple, au XIXe siècle et au début du XXe, les clubs des élites noires aux États-Unis refusaient l’accès à des personnes de couleurs foncées. L’intériorisation du colorisme a mené et conduit encore à des pratiques de blanchiment de la peau et la demande de produits blanchissants s’est énormément accrue [4]

Mais, d’un autre côté le colorisme peut opérer à l’inverse, dans des contextes de communautés fortement racialisées et comme manifestation de ressentiment : discriminer les personnes à peau plus claire, considérées comme faibles ou inférieures en raison de leur métissage racial.

La couleur, la contre-couleur et l’arc-en-ciel

La couleur de la peau est un marqueur essentialiste dans nos sociétés inégalitaires et discriminatoires et, en tant que phénomène politique, peut être utilisé selon différentes orientations politiques et même jusqu’à une certaine forme de réparation historique. En 1903, le grand intellectuel noir étasunien W.E.B. Du Bois a écrit prophétiquement que le problème du XXe siècle serait « la ligne de la couleur », « la ligne de division raciale selon la couleur ». Il en a été ainsi et se prolonge jusqu’au XXIe siècle. Au milieu du siècle dernier Franz Fanon a démontré brillamment comment le racisme agissait comme une fracture dialectique entre le corps et le monde, entre le « schéma corporel » et le « schéma racial épidermique ». Le phénotype épidermique serait banal si le racisme phénotypique n’existait pas.

La logique raciale et coloriste est utilisée autant pour exclure « les autres » que pour unir « les nous ». C’est là un des fils avec lesquels l’extrême droite tisse sa toile de nos jours. À l’opposé, le mouvement « black is beautiful » des Afro-Américains dans la décennie 1960, qui s’est étendu ensuite à d’autres pays (par exemple à l’Afrique du Sud de l’apartheid) a consisté à revendiquer la couleur et en changer la connotation. Chaque fois que la couleur est politisée contre le racisme pour unir la lutte anti-raciale et la lutte anticapitaliste, la couleur de la peau tend à perdre son essentialisme et à se relativiser. Fortement politisée, la lutte du parti des Black Panthers a été remarquable, particulièrement dans les années 1970-1980, avec sa volonté d’abolir l’importance des différences de couleur de peau au sein de la communauté noire.

Et hier, comme aujourd’hui, la question reste ouverte de savoir dans quelle mesure des groupes de diverses races, ethnies et couleurs de peau peuvent s’unir contre le capitalisme, le racisme et le sexisme, pour augmenter ainsi les possibilités de succès des luttes pour une société plus juste. Les périodes du plus grand optimisme ont été suivies de périodes du plus grand pessimisme selon des cycles inquiétants. Deux choses semblent certaines. D’une part les essentialismes identitaires tendent à rendre difficile l’articulation de la lutte sociale contre les inégalités et celle contre la discrimination. D’autre part on ne peut pas confondre le changement de la couleur au pouvoir avec le changement de la nature du pouvoir. Après tout, la bourgeoisie noire états-unienne s’est efforcée d’accéder au pouvoir capitaliste et non de le changer (voir Barack Obama). Et cela ne différera pas dans d’autres lieux.

Wittgenstein, a écrit [5] qu’un peuple de daltoniens aurait d’autres conceptions des couleurs. Serait-ce là la solution au racisme basé sur la couleur de la peau ? Si ma proposition est correcte de ce que le racisme ne réside pas dans la couleur centrée sur l’inégalité de pouvoir et sur la concentration de privilèges exclusifs la réponse est non. Si la structure du pouvoir se maintient le préjugé ne disparaît pas il ne fait que s’exprimer d’une autre manière et aurait d’autres justifications.


Traduction française de Françoise Couëdel à partir du texte espagnol traduit du portugais par Antoni Aguiló et José Luis Exeni Rodríguez.

Texte en espagnol : https://www.alainet.org/es/articulo/212164.

Source originale (portugais) : https://www.alainet.org/pt/articulo/212139.

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[1Racismos : das Cruzadas ao século XX, 2015.

[2Voir par exemple, Nancy Stepan, The idea of Race in Science : Great Britain 1800-1960, 1982.

[4Lynn Thomas, Beneath the Surface : A Transnational History of Skin Lightners, 2020.

[5Remarques sur les couleurs, 1997.

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