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DIAL 2926

AMÉRIQUE LATINE - Document préparatoire à la Cinquième Conférence de l’épiscopat latino-américain. Première partie - Présentation

Agenor Brighenti

dimanche 1er avril 2007, mis en ligne par Dial

Pour la 5e fois en 50 ans, une Conférence générale de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes (CELAM) se réunira à partir du 13 mai à Aparécida au Brésil. L’événement est important pour l’avenir de l’Eglise catholique en Amérique latine. Le Document préparatoire peut être consulté en langue originale sur le site du CELAM. Nous présentons ci-dessous une synthèse de son contenu, élaborée par Agenor Brighenti. Un commentaire analytique - du même auteur -, accompagné de réflexions critiques, est présenté dans l’article suivant. Ces deux articles ont été traduits de l’espagnol par Yves Carrier et Guy Boulanger (Québec) et publiés dans RELaT - Revista Electrónica Latinoamericana de Teología, le 29 janvier 2007.


La V Conférence de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes, convoquée pour les mois d’avril et mai 2007 à Aparécida (Brésil), s’inscrit dans l’ensemble des quatre rencontres antérieures : Rio de Janeiro (1955), Medellin (1968), Puebla (1979) et Santo Domingo (1992). Elle a pour thème : « Disciples et missionnaires de Jésus-Christ, pour qu’en Lui nos peuples aient la vie ». « Je suis, le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6). Comme ce fut le cas lors des rencontres antérieures, elle ne prétend pas être uniquement une réunion d’évêques mais une assemblée de l’Église d’Amérique latine et des Caraïbes, vers laquelle convergent la participation et la collaboration de toutes les Églises locales à travers leurs conférences épiscopales nationales respectives. Le document préparatoire a pour finalité d’animer et d’orienter la participation des communautés ecclésiales dans la préparation de cette cinquième conférence, dont le thème est le disciple et la mission.

La contribution des communautés devra être réalisée à partir de certaines fiches qui devront être complétées avant le mois de novembre 2006. Sur la base de la compilation des contributions qui seront remises par les conférences épiscopales nationales, on élaborera un document synthèse qui servira de point de départ au travail des évêques.

Les réflexions de cette étude s’inscrivent dans ce temps privilégié et important de préparation. Elles cherchent à contribuer à deux objectifs concrets : premièrement, offrir une présentation synthétique du contenu du document préparatoire et une vision d’ensemble des thèmes traités ; deuxièmement, elles visent à réaliser un commentaire analytique du document, centrant surtout son attention sur les limites et les oublies pour tenter de l’enrichir.

Les deux objectifs seront traités dans deux parties distinctes.

Première partie - Présentation synthétique du Document préparatoire

Pour la présentation du document nous suivrons sa structure, suivant les titres du texte et leurs contenus sous forme télégraphique et indiquant le numéro correspondant.

Introduction

Le document préparatoire cherche à susciter la participation la plus large possible en cette étape de préparation, en cette heure de grâce et d’orientation pastorale.

I. L’aspiration au bonheur, à la vérité, à la fraternité et à la paix (1-20).

A. Une aspiration universelle

1. Nous sommes tous chercheurs et pèlerins du bonheur : au plus profond de notre être il y a la faim de l’amour et de la justice, de la liberté et de la vérité, soif de contemplation, de beauté et de paix, ambition de plénitude humaine, recherches anxieuses d’un foyer et de la fraternité.

2. Ce que nous recherchons surpasse totalement les dimensions et les possibilités de la vie en ce monde, ouvrant le chemin à notre soif de Dieu et à notre vocation pour le ciel.

3. Déjà en ce monde, nous serons toujours plus heureux dans la mesure où nous serons à l’image et à la ressemblance de Dieu – le Père, le Fils et l’Esprit Saint, la communauté des trois personnes heureuses.

4. Dans l’histoire de l’humanité, aujourd’hui encore, il y a des personnes et des peuples qui s’égarent, recherchant leur réalisation par des chemins erronés.

B. À la lumière de la révélation

5. La révélation illumine les aspirations les plus profondes de notre être.

6. Dans l’Ancien Testament, Dieu se manifeste comme Seigneur de l’Histoire, Législateur et Juge.

7. Avec Abraham et les patriarches, Il proclame simultanément l’amour et le respect fraternel, sans idole, sans misère, ni esclavage.

8. Moïse exhorte son peuple à accomplir les dix commandements, ceux-ci seront le chemin qui conduit au bonheur.

10. Par le mystère de l’Incarnation, de la mort et de la Résurrection, Jésus devient notre chemin.

13. Les Béatitudes sont un code du bonheur et elles soutiennent notre espérance dans les tribulations.

14. Pour vivre les Béatitudes, comme apôtres, témoins et collaborateurs, Il nous envoya son Esprit.

15. La suite implique d’embrasser la croix du Christ et que la souffrance est l’offrande filiale au Père.

16. Le christianisme est né et s’est étendu comme une Bonne Nouvelle pour l’humanité.

17. Comme Bonne Nouvelle, naquirent les premières communautés après la Pentecôte.

18. Malgré les terribles persécutions, le christianisme se répandit dans l’Antiquité comme une véritable explosion de joie, comme un courant de foi, de sagesse et d’espérance.

19. Les apôtres reçurent le commandement de Jésus : « Allez et faites des disciples chez tous les peuples », et l’Église alla bien au-delà des frontières de l’Empire romain.

20. La réalisation de ce commandement fut accompagné du martyr, la joyeuse espérance de L’accompagner dans le ciel.

II. Depuis l’arrivée de l’Évangile en Amérique latine et dans les Caraïbes, nous vivons notre foi avec gratitude (21-35).

A. Nos peuples reçurent la bénédiction de la rencontre avec le Christ vivant.

21. Par un sage et généreux dessein de la Providence divine, parvint jusqu’aux terres de ce continent ce courant d’amitié avec Dieu, de vie nouvelle et de promotion humaine qu’initia Jésus-Christ par son Incarnation et sa Pâque et que l’Esprit inspira tout au long des siècles avec sa force de Pentecôte.

22. Il arriva à ses peuples dont la vie était déjà accompagnée par la « présence créatrice, providentielle et salvatrice de Dieu ». Parmi eux, « les semences du Verbe » étaient présentes dans de nombreuses valeurs qui prédisposaient à une réception plus rapide de l’Évangile.

23. La Vierge de Guadalupe aida à ouvrir les portes du cœur des peuples autochtones à Jésus-Christ.

24. Notre héritage catholique fut établi et dynamisé par une vaste légion missionnaire d’évêques, de religieux et de laïcs.

25. Toutefois, l’évangélisation connut ses lumières et ses ombres, comme le témoignent Bartolomé de las Casas, Juan de Zumarraga, Vasco de Quiroga, Juan del Valle, Julian Garcés, José de Anchieta, Manuel Nobrega et tant d’autres.

26. L’évangélisation elle-même constitue un tribunal d’accusation envers les responsables de tels abus.

27. Nous nous solidarisons avec la douleur des conquis, soumis à l’esclavage, conformément à la demande de pardon du Pape Jean-Paul II holocauste méconnu.

28. Ce furent également des temps difficiles pour l’Église d’Amérique latine, les grandes crises du XIXe et du début du XXe siècle (Église persécutée). Vatican II rénoverait le dynamisme évangélisateur.

30. Principalement à partir de Medellin, advient une nouvelle étape de notre histoire, où l’Église cherche à contribuer à la construction d’une nouvelle société.

B. Une Église vivante, fécondée par l’expérience de la grâce de Dieu

32. L’héritage reçu, dans le Continent de l’Espérance, engage l’Église à donner une réponse joyeuse et missionnaire à ceux qui cherchent un sens.

33. Les pérégrinations du Pape Jean-Paul II marquèrent des sommets inoubliables de cette histoire.

34. Signes d’espérance qui montrent la semence de Dieu en croissance : 90% de ses habitants croient en Dieu ; les joyeuses célébrations liturgiques et la vie des paroisses, de ses communautés de base et des mouvements ecclésiaux ; la piété et la religiosité populaire ; les paroisses missionnaires ; les efforts pastoraux de l’Église dans laquelle participent des religieux et des religieuses orientés vers la Nouvelle Évangélisation, avec un dévouement central envers ceux qui sont blessés par la pauvreté ; les grands consignes données par le Pape Jean-Paul II, nous appelant à aller à la rencontre du Christ vivant et à mondialiser la solidarité ; la participation des laïcs (ministres de la Parole, catéchistes) ; les écoles de formation initiale et continue de diacres permanents ; la pastorale de la jeunesse ; la pastorale vocationnelle, insérée dans la pastorale organique des diocèses en étroite relation avec la pastorale familiale et de la jeunesse ; la pastorale de la famille, sanctuaire de vie ; la pastorale sociale : l’option préférentielle pour les pauvres et le contenu évangélique et théologique de la libération ; l’esprit de communion, de participation et de coresponsabilité manifesté dans les innombrables CEB et dans les ministères laïques, ainsi que la multiplication des conseils pastoraux ; l’autofinancement des Églises particulières ; le dialogue œcuménique et interreligieux, spécialement avec les communautés juives.

III. Disciples et missionnaires de Jésus-Christ (36-93)

36. À Puebla, Jean-Paul II a attiré notre attention sur la vérité de Jésus-Christ, de l’Église et de l’homme.

37. Cette vérité renvoie à l’identité, à la vocation et à la mission chrétiennes, dans la réalité de ce continent sur laquelle, récemment, le CELAM s’efforça d’apporter un meilleur éclairage, à travers une étude sur les « mégatendances » de notre temps et sur la mondialisation.

38. Le thème de la Cinquième conférence se situe dans cette perspective.

A. Par la rencontre de Jésus-Christ vivant, ses disciples et ses missionnaires

39. La rencontre avec Jésus-Christ est la raison, la source et le sommet de la vie de l’Église ainsi que le fondement du disciple et de la mission.

40. Jésus-Christ est et sera toujours la « véritable nouveauté qui surpasse toutes les attentes de l’humanité ».

42. La rencontre avec le Seigneur nous introduit dans les dimensions les plus profondes de la Vie.

43. La V Conférence nous offre une nouvelle opportunité pour réfléchir sur la profondeur de notre rencontre avec Jésus-Christ vivant et sur l’intensité de notre ardeur missionnaire.

A. Disciples de Jésus-Christ

44. Même si nous maintenons les grands objectifs des conférences générales précédentes en ce qui a trait à la Nouvelle Évangélisation, nous croyons nécessaire d’aller de l’avant pour parvenir au sujet qui répondra aux grands défis de notre temps.

45. Le disciple de Jésus-Christ est quelqu’un qui a reçu le Seigneur rempli de stupeur.

46. La première expérience du disciple consiste en l’appel personnel que lui fait Jésus et dans la volonté de le suivre qui naît en lui et qui le pousse à donner une réponse confiante et amoureuse, qui l’amène à se configurer à Lui. Cette réponse le lie immédiatement à une communauté de fidèles, où il discerne bientôt quelle est sa mission dans l’Église et la société.

49. L’élection et l’appel du Christ demande à être entendus des disciples.

50. Il s’agit d’une réponse d’amour à un appel d’amour.

51. Le disciple entre en communion de vie et de mission avec Jésus-Christ.

52. Pour que cette communion avec Lui soit toujours plus complète, Jésus-Christ s’est livré à ses disciples comme Pain de vie éternelle et Il les invita dans l’Eucharistie à participer à sa Pâque.

55. La formation du disciple de Jésus-Christ doit avoir comme but de s’identifier à Lui, être disciples de la Parole qui existait au commencement.

58. Dans la vie sacramentelle, le disciple de Jésus-Christ rencontre la présence et l’action salvatrice de Jésus.

59. Un itinéraire de formation chrétienne qui comporte plusieurs étapes essentielles : l’annonce de la parole, l’accueil de l’Évangile qui mène à la conversion, la profession de foi, le baptême, l’effusion de l’Esprit Saint et l’accès à la communion eucharistique.

64. Marie de Nazareth, première disciple parfaite qui depuis l’Incarnation grava dans son cœur l’Évangile.

65. En Marie nous rencontrons toutes les caractéristiques du disciple : l’écoute amoureuse et attentive, l’obéissance sans limite à la volonté du Père, la fidélité jusqu’à accompagner son Fils au pied de la croix.

B. Disciples en communion ecclésiale

66. L’appel et l’amour de Jésus-Christ pour ses disciples, crée en eux la communion fraternelle, une communauté unie en Jésus-Christ.

69. Une communauté unie est la condition nécessaire à la formation du disciple : maison et école de communion et de solidarité.

70. Le disciple ne peut vivre sans le Dimanche, sans la rencontre avec le Christ, vivant dans sa Parole et son Eucharistie.

71. La vie de communion des disciples démontre son unité à travers la diversité et la pluralité des nations, langues, races et coutumes : nous rappelant qu’elle est à l’image du Dieu unique et Trinitaire.

72. La tâche de construire la communion ecclésial pour que l’Église croisse comme « maison et école de communion », se réalise de manière organique au moyen de divers ministères, charismes et services et avec la collaboration de tous.

73. Un rôle particulier correspond aux différentes formes de mouvements et autres associations ecclésiales qui expriment dans toute leur diversité les dimensions multiples de la vie chrétienne. La vie paroissiale et la diocésaine doivent exprimer, dans les faits, leur caractère de « communauté de communautés et mouvements ».

74. L’identité et la mission du prêtre se fondent dans la rencontre avec Jésus-Christ vivant et dans sa suite comme disciple, elles se déroulent dans le vécu de la communion presbytérale avec l’évêque et se projette dans la charité pastorale.

75. Sur le chemin du disciple, la vie consacrée occupe une place irremplaçable. Il s’agit d’une « manière particulière de suivre le Christ, pour se consacrer entièrement à Lui avec un seul cœur », « être avec Lui et se mettre, comme Lui, au service de Dieu et des hommes ».

76. Pour mener à terme cette tâche, il est nécessaire de recourir à des projets de formation exigeants et différenciés pour tous : évêques, prêtres, diacres permanents, consacrés et laïcs.

C. Disciples pour la mission

78. « Il m’a choisi pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres… » « Comme le Père m’a envoyé, je vous envoie ».

79. À un autre moment, Jésus exprime définitivement le caractère missionnaire de chaque disciple : « Allez et faites des disciples dans toutes les nations ».

80. Pour qu’il grandisse avec Jésus dans le baptême et soit fait membre de l’Église, naît chez le disciple le sentiment d’appartenance par lequel il assume l’édification et la mission de l’Église.

82. L’expérience de proximité et de conversion que vit le disciple le prépare à rendre témoignage devant ceux qui ont été baptisés et le pousse à sortir à la rencontre de ceux qui ont soif de Dieu et ne connaissent pas son visage.

83. La rencontre avec Jésus et être son missionnaire, préparent le disciple à s’approcher des différents groupes culturels : indigènes, afro-américains et immigrants, en recherchant une meilleure inculturation de la liturgie.

84. Pour cela, il est nécessaire de se faire pauvre en esprit, pour pérégriner par les chemins des Béatitudes, dans la perspective de la kénose du Christ.

85. Les disciples furent appelés à demeurer dans l’amour du Christ, et de manière particulière dans son amour miséricordieux et préférentiel pour les pauvres. Le disciple se trouve ainsi pressé de vivre l’authentique solidarité.

86. Les bâtisseurs de la société méritent une attention particulière, appelés à défaire les structures marquées par le péché et à travailler pour un nouvel ordre social, plus juste, équitable et incluant.

87. Autres urgences : la défense de la vie, depuis la conception, de la famille, de la participation politique, la défense du droit au travail, la distribution équitable des biens.

88. Les disciples de Jésus-Christ sont appelés à vivre et à proposer un autre chemin : celui de la dignité humaine et de la liberté, de la participation, de la solidarité et de l’ascèse.

89. Il existe aujourd’hui dans notre culture une résistance très forte à regarder en face le mystère de la croix dans la vie personnelle et étrangère. Le disciple est appelé à proposer, par le témoignage de sa propre vie, la valeur de prendre la croix et de suivre le Maître.

90. La fidélité des frères et des sœurs d’Amérique latine et des Caraïbes qui a fait du XXe siècle un siècle de martyrs, nous remplit le cœur de gratitude.

91. Un autre domaine prioritaire pour les disciples de Jésus, c’est la recherche d’unité entre tous ceux qui croient en Jésus-Christ (travail œcuménique).

92. Dans l’Église qui chemine en Amérique latine et dans les Caraïbes, chacun est appelé à être missionnaire par sa prière et ses initiatives, pour faire en sorte que l’Église envoie de nombreux missionnaires « ad gentes » pour porter la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ à d’autres peuples et continents.

IV. Le début du troisième millénaire (94-158)

A. Nous vivons au milieu des douleurs de l’enfantement d’une époque nouvelle.

94. De fait, l’Amérique latine et les Caraïbes sont mis au défi par les changements religieux, éthiques et culturels qui indiquent les douleurs de l’enfantement d’une époque nouvelle.

95. Autour de nous, il y a des signes du crépuscule d’une ère de l’humanité qui se termine et de l’aurore d’une époque nouvelle.
96. Des phénomènes nouveaux nous invitent à faire un discernement.

97. Comme premier donné de ce changement d’époque, nous observons que l’être humain a atteint le macrocosme (conquête spatiale) et le microcosme (recherche génétique).

98. Également, la relation avec la nature a été transformée : nous prenons conscience de l’interrelation et de l’interdépendance des êtres entre eux, une réalité que l’être humain doit accepter et respecter.

99. Si on désire faire la promotion d’une authentique « écologie humaine » ; il est nécessaire de prendre conscience que cela est essentiel à la famille, elle qui souffre les assauts les plus forts de l’histoire.

100. La mariage est violenté par la séparation entre l’amour, la sexualité et la procréation.

101. Ainsi, se transforme le sentir en ce qui concerne l’identité et la mission de la femme : depuis la maternité, des espaces s’ouvrent vers le monde social sans tomber dans une simple compétition avec l’homme.

102. Les changements nous ont fait passer de l’ère industrielle à la société de la connaissance et de l’information.

103. Les progrès de l’information et de la technique qui ont accéléré les processus de production, ne sont pas toujours au service de l’être humain, c’est pourquoi s’accroissent les inégalités entre ceux qui possèdent le capital et la connaissance et les plus pauvres. Grandit le nombre des exclus.

104. Ceux-ci et de nombreux autres changements affectent directement ou indirectement la recherche de la vérité et avec cela, les comportements éthiques. On tend à penser que le vrai et bon sont ce que l’individu établit, ou ce qui lui est agréable et lui procure du plaisir et favorise la consommation, tombant dans une éthique individualiste fondée sur « sa propre vérité ».

105. Il existe une tendance à émanciper la liberté de la vérité et du bien.

107. Advient une conscience contraire à toute discrimination ; fréquemment étrangère à la vérité et au bien.

108. Le processus de changement actuel provoque un profond déracinement, produisant une grande insécurité, de la confusion et même de l’angoisse.

109. Dans le domaine religieux, il existe de nouvelles tendances, comme celles qui ne contemplent que l’aspect émotionnel de la croyance religieuse et de nouveaux fondamentalismes.

110. Face à cela, il semble que la proposition chrétienne doit s’arrêter devant le fait le plus décisif de l’histoire. Apparaît la pertinence unique de la révélation de Dieu en Jésus-Christ, « centre du cosmos et de l’histoire ».

111. Le message d’espérance, c’est Jésus-Christ qui vainc par la croix.

B. La mondialisation, un défi pour l’Église

112. En ce changement d’époque, nous constatons que la mondialisation est un phénomène réel et complexe.

113. Ses caractéristiques les plus significatives sont : la communication mondiale, l’enrichissement du savoir, les percées technologiques, la rapidité avec laquelle se produise les changements, la création de nouveaux paradigmes.

114. La mondialisation contient des aspects négatifs, mais elle sera ce que nous en ferons.

115. Mais la mondialisation, telle que nous l’expérimentons actuellement, en plus de produire des effets intégrateurs, s’accompagne de tensions à cause des asymétries propres à ce processus.

117. De manière simultanée, dans le processus en cours avec la mondialisation, nous pouvons constater un autre processus, celui de la base, de la défense de l’identité culturelle, de la nature et des organisations et des groupes de défense des droits humains oubliés, ou de production, de consommation, d’échange, de financement, etc.

118. La globalisation économique génère des richesses et en même temps, de manière plus ou moins systématiques, de la pauvreté et de l’exclusion.

119. La destruction progressive et inquiétante de l’environnement, dans un continent qui continue d’être une des régions les plus inéquitables du monde ; la brèche entre les riches et les pauvres s’élargit au lieu de diminuer et se maintient une grave injustice sociale qui blesse le possible développement humain de millions d’habitants.

120. La globalisation des moyens de communication sociale a transféré une part importante du pouvoir aux propriétaires et aux communicateurs lesquels se transforment en facteurs significatifs du modelage des mentalités et des cultures, en influents opérateurs des changements de valeurs.

121. Il se produit une altération de l’identité culturelle de presque tous les peuples : on fait la promotion du culte de la personne, de l’argent et du plaisir.

123. La mobilité humaine, interne comme internationale, s’accroît.

C. Les espoirs et les peines de nos peuples nous interpellent.

125. Le phénomène de la mondialisation et l’avancé des communications ont permis une plus grande ouverture sur le monde, produisant dans le sens des peuples une rupture en ascension en ce qui a trait au patrimoine culturel, aux valeurs traditionnelles et à son style de vie.

126. Dans nos pays, continue la scandaleuse persistance de la pauvreté, de la misère et du chômage, dans un continent formé majoritairement de chrétiens, où demeurent présents chez les pauvres les grandes vertus comme la solidarité.

127. Dans la conscience de plusieurs pays, s’est fait plus forte l’appel à une juste participation des peuples indigènes aux bénéfices et à la conduite de la société, ce qui implique le respect de leur culture et de leurs formes ancestrales d’organisation.

128. Les nouvelles réformes dans l’éducation démontrent un réductionnisme anthropologique puisqu’il conçoit l’éducation en fonction de la production, de la compétitivité et du marché.

129. L’État rencontre des difficultés à réaliser son engagement envers le bien commun, pressé par les systèmes financiers et par les corporations transnationales.

130. On constate la prédominance de la démocratie formelle, avec une présence insuffisante de la démocratie comprise comme culture de participation, de solidarité et de subsidiarité.

131. Les gens sont lassés de la faiblesse de leurs gouvernants. On constate une tendance croissante à applaudir l’avènement de leaders messianiques ou caudillos d’apparence populiste.

132. Dans le dessein des politiques d’État, ne prévaut pas la conception chrétienne de l’autorité, accompagnée d’une vie sobre qui veille au bien commun.

133. Apparaissent palpables, une certaine crise des institutions politiques et l’émergence d’une société civile organisée de manières différentes, ainsi que la décadence et l’atomisation des partis politiques, sans identité ni programme.

134. Ce phénomène est associé à la perte de crédibilité des serviteurs publics, qui engendre l’ingouvernabilité et des scandales de corruption.

135. La corruption publique et privée se sont accrues de manière alarmante, favorisant l’impunité et l’enrichissement illicite, freinant le crédit et l’investissement honnête.

136. Il existe une éducation déficiente pour le travail honnête et l’exercice de la coresponsabilité et des responsabilités civiques de base.

137. Dans certains pays, une grave détérioration est la conséquence de la production de drogue et du narco-trafique, alimentés par la demande des pays développés, fruit de la tolérance et de la légalisation de la consommation.

138. Divers groupes de guérilla se nourrissent du narco-trafique, de l’enlèvement et de trafics illicites dont la contrepartie est le terrorisme d’État.

139. La faible consolidation des processus démocratiques retardent l’intégration de l’Amérique latine et des Caraïbes.

D. Les catholiques et l’Église ont aussi d’autres défis.

141. Malgré qu’il se trouve menacé par la société mondialisée, le substrat catholique de notre culture demeure toujours présent.

142. Cette sève catholique s’est exprimée par une riche religiosité et piété populaires, avec une profonde confiance dans la Providence, dans l’Esprit Saint, dans le Christ crucifié, dans Marie, dans les saints et dans le Pape.

143. Cette sève est également présente dans le profond sens de la famille, de l’hospitalité, de la solidarité dans les malheurs, le sens de la justice, de même que dans le respect de la vie.

144. Il se produit une nouvelle valorisation de la religion comme un bien social important.

145. Cependant, dans les dernières décennies, on observe également une diminution de la foi et un affaiblissement de l’engagement de nombreux croyants envers l’Église et leur propre foi ; apparaît une mentalité qui dans la pratique se passe de Dieu, marquée par le relativisme, le pragmatisme et l’hédonisme.

146. Émerge avec une force rénovée un laïcisme militant qui nie aux croyants la possibilité de manifester publiquement selon leurs convictions et d’agir en accords avec celles-ci.

147. Dans cette ambiance relativiste et laïciste se répand une agressivité nouvelle, ouverte ou larvée, contre l’Église, surtout dans la libération des coutumes et des lois.

148. L’échec de la culture moderne et celui d’une pastorale qui soutient et alimente l’identité catholique, ont donné lieu à un marché mouvant d’alternatives religieuses et à un prosélytisme contre l’Église catholique.

150. Comme présence de l’Église, il nous en coûte d’être prophète et d’annoncer Jésus et l’Évangile de manière proactive, il nous en coûte de reconnaître ensemble les véritables menaces, celles qui contredisent les codes de la félicité que Dieu nous a livrés.

151. L’Église se rend présente dans la société par ses moyens habituels d’évangélisation : paroisses, CEB, mouvements ecclésiaux, instituts de vie consacrée, écoles, universités.

152. Dans le champ social, se remarque la promotion et la défense des droits humains, individuels et sociaux ou politiques, l’accompagnement des peuples indigènes, la formation de citoyens pour la construction d’une démocratie et le service permanent de l’action sociale dans des domaines comme l’éducation, la santé, le logement, et les services carcéraux, etc.

153. L’Église voit avec une grande préoccupation la violation des droits fondamentaux des migrants, des réfugiés et des déplacés.

154. Cependant, nous avons négligé la formation des laïcs pour ordonner les réalités temporelles, ils présentent des positions éthiques faibles et ne parviennent pas à remplir leur responsabilité dans le monde avec une cohérence chrétienne, ni ne se s’orientent selon la Doctrine sociale de l’Église.

155. Dans les derniers dix ans, il y a une diminution du nombre de catholiques, dans certains pays jusqu’à 10%.

156. Parmi les laïcs, diminue la réception des sacrements, principalement la célébration du mariage. On assiste aussi à une désacralisation du dimanche et il y a urgence d’entreprendre une formation catéchétique plus large et plus profonde.

157. L’exode des catholiques vers les communautés pentecôtistes, démontre la recherche d’une expérience communautaire plus étroite pour éviter la solitude et l’isolement. La recherche d’expressions religieuses plus émotives et l’opportunité d’une plus grande participation au sein de communautés plus petites.

158. Pour ces personnes qui abandonnent l’Église, il est nécessaire de trouver de nouvelles formes et expressions de la présence et de la participation dans la communauté.

V. Pour que nos peuples aient la Vie en Lui (159-174).

160. Au milieu des promesses de Dieu, l’élection, qu’il fait de nous, nous saisit et l’envoi que nous faisons nôtre avec une force grandissante à devenir lumière du monde et sel de la terre, des instruments de sa justice, de sa miséricorde et de sa paix. Nous sommes appelés à prendre résolument dans nos mains la mission qu’Il nous a confiée, pour que « nos peuples aient la Vie en Lui ».

162. L’Église sait que sa mission prolonge dans l’histoire la mission du Christ, incorporant à la vie, à la passion et à la résurrection du Christ, le Seigneur de la vie.

163. La vie nouvelle dans le Christ nous incorpore à la communauté des disciples et des missionnaires du Christ et de l’Église.

167. Nous voulons surmonter les misères et les manques des habitants de notre continent, avec un dévouement préférentiel envers les plus tourmentés, et contribuer à la formation de personnes capables de gouverner et de motiver dans l’engagement effectif envers le bien commun.

168. Il apparaît urgent de promouvoir une culture de la vie : par le respect à la vie, la création de familles qui soient des sanctuaires de la vie.

169. Le document est ouvert à recevoir plusieurs propositions de tous les pays, contributions qui doivent être envoyées par les conférences épiscopales.

173. La V Conférence veut susciter une grande mission continentale.

174. Les lectures des Actes des Apôtres nous présentent l’expérience de différents styles de mission, lesquelles sont des modèles qui nous servent aussi dans le troisième millénaire.

Deuxième partie - Commentaire analytique

(Pour lire la deuxième partie, cliquer sur son titre.)


 Dial – Diffusion d’information sur l’Amérique latine – D 2926.
 Traduction de l’espagnol : Yves Carrier et Guy Boulanger pour RELaT.
 Source : RELaT - Revista Electrónica Latinoamericana de Teología, le 29 janvier 2007.

En cas de reproduction, mentionner au moins l’auteur, les traducteurs, une des sources françaises (RELaT ou Dial) et l’adresse internet de l’article.

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