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BRÉSIL - Bolsonaro veut exploiter l’Amazonie : les peuple originels s’y opposent

Juraima Almeida

vendredi 21 février 2020, mis en ligne par Françoise Couëdel

Vendredi 7 février 2020.

Le président du Brésil, Jair Bolsonaro, a présenté un projet de loi qui ouvre les terres indigènes à la surexploitation minière, encourage l’agriculture et l’élevage – pour lesquels les forêts amazoniennes représentent un obstacle – et de génération d’électricité dans des zones, comme l’Amazonie, qui appartiennent aux peuples originels.

De toute évidence, les communautés indiennes n’ont aucun recours contre cette décision, raison pour laquelle l’exploitation tomberait dans les mains d’intermédiaires, de grandes entreprises nationales et surtout transnationales. La détermination de Bolsonaro montre que les critiques à l’intérieur et l’extérieur du Brésil, concernant la multiplication des incendies et l’augmentation de la déforestation n’ont aucun effet sur lui, et il poursuit son projet d’extermination des Indiens et de destruction de la forêt amazonienne.

Après l’incendie d’immenses zones de forêt, Bolsonaro multiplie les initiatives pour édifier l’Amazonie de ses rêves, qui comprend un projet de loi qui ouvre les terres indiennes à l’exploitation minière ; mais les défenseurs de l’environnement et des peuples originels dénoncent l’avènement d’un cauchemar.

Il semblait qu’il avait fait une découverte quand il a affirmé que « L’indien est un être humain exactement semblable à nous, il a un cœur, il a des sentiments, il a des désirs, il a des besoins et il est aussi brésilien que nous ». Mais, pour les organisations indiennes, les intentions du mandataire sont claires et elles ont déclaré que ce que veut le gouvernement c’est leur extermination.

Prévoyant les critiques, Bolsonaro a adressé des propos menaçants aux secteurs environnementalistes. « Si je pouvais, je les confinerais dans la forêt Amazonienne puisqu’elle leur plaît tant ». Le mandataire d’extrême droite a qualifié son projet de « rêve ».

Un des points de l’avant-projet prévoit le paiement d’indemnisations aux communautés indiennes affectées par la restriction de l’usage de leurs terres. L’autonomie est également accordée aux peuples originaires pour qu’ils développent les activités minières pour leur propre compte. À leur tour, ces derniers pourront demander le consentement des communautés locales pour que des tiers mettent en œuvre ces activités. Désormais le projet devra être examiné par le Congrès.

Dans un communiqué, la présidence a affirmé que « la négligence » des gouvernements antérieurs à réglementer ces activités a provoqué l’insécurité juridique et encouragé l’extraction minière illégale. « Le grand pas en avant dépend du Parlement. Nous allons subir des pressions de la part des environnementalistes. Tous ces gens attachés à l’environnement, si un jour je le pouvais, je les confinerais en Amazonie, puisque l’environnement leur tient tant à cœur » a déclaré Bolsonaro ironiquement.

Le président compte sur des alliés pour obtenir une majorité au Congrès, bien que celui-ci ait freiné nombre de ses projets. Dans ce cas, sera déterminant l’appui du camp lié au secteur de l’agroalimentaire qui dernièrement s’est montré préoccupé par les dénonciations internationales de la déforestation de l’Amazonie. Le gouvernement prétend que beaucoup de responsables indiens soutiennent ses projets.

Cependant les ripostes n’ont pas tardé à se faire entendre. Sonia Guajajara, coordinatrice de l’Articulation des peuples indiens du Brésil (APIB) a déclaré : « Votre rêve, Bolsonaro, est pour nous, un cauchemar et notre extermination, car l’exploitation minière apporte la mort, les maladies, la misère et condamne l’avenir de nos enfants ».

Les Nouvelles Tribus

Le jeudi 6, l’organisme officiel responsable des questions indiennes (Funai) a nommé un anthropologue et missionnaire évangélique, Ricardo Lopes Dias – membre de la secte Nouvelles Tribus qui encourage l’évangélisation des peuples originels et l’exploitation des richesses naturelles – à la tête de la Coordination des Indiens isolés et de contact récent.

On appelle Indiens isolés ceux qui n’ont pas de contact permanent avec d’autres groupes humains. La Funai s’est traditionnellement efforcée de respecter cet isolement de plus en plus menacé par les exploitations forestières, agricoles et d’élevage.

La Coordination des organisations indiennes de l’Amazonie brésilienne (COIAB) a déclaré : « Nos familles ont souffert historiquement du prosélytisme des missionnaires qui, par la force, ont imposé le contact à nos grands-pères et nos grands-mères. Un contact imposé par des mensonges, des violences et des menaces de mort ».


Juraima Almeida est une chercheuse brésilienne, analyste associée au Centre latino-américain d’analyses stratégiques (CLAE, www.estrategia.la).

Traduction française de Françoise Couëdel.

Source (espagnol) : http://estrategia.la/2020/02/07/bolsonaro-quiere-explotar-la-amazonia-los-pueblos-originarios-se-oponen.

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