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DIAL 3166

BRÉSIL - La mystique du Mouvement des sans-terre

Bernardo Mançano Fernandes & João Pedro Stédile

mardi 11 octobre 2011, mis en ligne par Dial

En 2000, Bernardo Mançano Fernandes publiait un livre d’entretien avec João Pedro Stédile, l’un des fondateurs du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST) [1]. Ce livre a été traduit en français et publié par les éditions Le Temps des cerises en 2003 sous le titre Gens sans terre : la trajectoire du MST et la lutte pour la terre au Brésil [2]. Pour des raisons qui regardent l’éditeur, un des chapitres de l’ouvrage original, consacré à la mystique [3], n’a pas été inclus dans la version française, sans même d’ailleurs – sauf erreur de notre part – qu’il soit fait mention de cette omission. Dial a décidé de réparer cet « oubli » et nous publions dans ce numéro le chapitre dont la traduction française n’était pas encore disponible, associé à un texte d’analyse rédigé par Susana Bleil qui a consacré sa thèse de doctorat de sociologie au MST et dont nous avions déjà publié un texte (DIAL 3152) dans le numéro de mai 2011.


La mystique

Parlez-nous maintenant de l’importance de la mystique pour le MST.

C’est une autre contribution faite d’expériences, de savoirs et de pratiques, que nous apportons en tant qu’organisation sociale. Qu’y a-t-il de nouveau dans cette organisation sociale, au-delà de ce dont j’ai parlé jusqu’à maintenant ? S’il fallait résumer, je distinguerais deux aspects. Le premier, c’est la manière dont nous entretenons une mystique pour parvenir à l’unité entre nous. Ni la gauche – parce qu’elle avait honte – ni la droite ne l’avaient fait. La mystique fait partie de notre pratique sociale et elle dispose les personnes à participer à la lutte. Le second aspect, c’est l’apport général que constitue l’application de ces principes d’organisation. Nous avons ainsi deux nouveautés produites par le mouvement qui peuvent être adoptées par d’autres types de mouvements sociaux : la mystique et les principes d’organisation.

Est-ce que ce sont ces deux aspects qui procurent un soutien idéologique et politique au MST ?

Aux militants du MST et aussi aux autres personnes. Pourquoi une personne s’engage-t-elle à participer à une marche sur Brasilia ? Parce qu’elle se sent bien, contente. Tout le monde regarde et se dit : « Quel sacrifice ! » mais le gars est content, comme dans le cas du monsieur âgé de 90 ans, Luis Beltrame, de Promissão [4]. Il a marché 1200 kilomètres et, quand il est arrivé à Brasilia, il a déclaré qu’il espérait que le mouvement organiserait une nouvelle marche. Il aurait pu dire aussi « Ah ! Je me suis usé les pieds. Il me faudra trois mois pour retrouver la santé ». Il avait le droit de dire ce qu’il voulait.

C’est ce qui explique que des familles soient restées dans les campements pendant six ans ?

Nous voyons des exemples de sacrifices énormes. Ces familles restent si longtemps parce qu’elles sont soutenues par la mystique et les principes d’organisation, et pas seulement parce qu’elles ont besoin de terre.

La mystique est une pratique que le mouvement met en œuvre. D’une certaine façon, c’est son aliment idéologique, d’espérance, de solidarité. La mystique, pour le MST, est un rituel. Elle est insérée dans une histoire d’espérance, de célébration permanente. Cette interprétation est-elle pertinente ?

C’est bien cela, mais c’est plus encore. Sous l’influence de l’Église, la mystique était facteur d’unité, d’accomplissement de nos idéaux, mais, en tant que liturgie, elle était très pesante. Avec le temps – selon un processus d’élaboration – nous nous sommes rendu compte que si tu laisses la mystique devenir formaliste, elle meurt. La mystique n’a de sens que si elle fait partie de ta vie. Nous ne pouvons pas lui réserver des moments particuliers, comme les Congrès ou les Rencontres nationales ou régionales. Nous devons la mettre en œuvre dans toutes les circonstances où des personnes se réunissent, car c’est une forme collective d’expression d’un sentiment. Nous voulons que ce sentiment fasse naître un idéal, et qu’il ne soit pas seulement une obligation. Personne n’est ému simplement parce qu’il en reçoit l’ordre. Il s’émeut s’il est poussé par une motivation intérieure. Ce n’est pas non plus une illusion métaphysique ou idéaliste, selon laquelle nous irons tous ensemble au paradis. Si c’était cela, alors nous nous mettrions à pleurer, comme le font bien des sectes religieuses. Les charismatiques par exemple utilisent la mystique en vue d’un idéal inaccessible. Dans ce cas, elle ne dure pas, de même que ce mouvement charismatique ne dure pas une vie entière. Les personnes se rendront compte du piège qui peut durer jusqu’à 20 ou 30 ans, mais qui ne survit pas dans l’histoire de l’humanité. Nous avons voulu construire des manières différentes de vivre une mystique, à partir d’une meilleure compréhension. Auparavant, nous ne faisions qu’imiter : « L’Église emploie une certaine liturgie mystique pour maintenir l’unité en lien avec l’Évangile ». Quand nous forcions la copie, cela ne marchait pas parce que les personnes doivent se sentir motivées par un projet déterminé. Ayant compris cela, nous faisons ressortir, à chaque instant et dans chacune des activités du mouvement, un aspect du projet pour stimuler les personnes.

Quelle est la relation entre le MST et le fait religieux ?

C’est une question très intéressante qui doit attirer l’attention de la société. Comment se fait-il que nous, qui sommes de gauche, allions toujours à la messe ? Pour nous, il n’y a là aucune contradiction. Au contraire, nos militants utilisent leur foi religieuse pour alimenter leur lutte, qui est une lutte de gauche, qui est une lutte contre l’État et contre le capital.

La mystique fait que les personnes se sentent bien. Récemment, nous avons réussi à élaborer une théorie sur elle. Nous publierons un fascicule avec divers textes de Leonardo Boff. Comme théologien, il analyse les origines de la mystique dans la pensée humaine. Il en est de même de Ranulfo Peloso, qui a écrit un texte sur les raisons de l’existence de la mystique. Et nous avons également un texte d’Adémar Bogo [5], qui réfléchit sur notre pratique en la matière. C’est en quelque sorte la représentation théorique de notre expérience de 10 ou 15 ans.

Quels sont les symboles du mouvement ?

Le drapeau, les mots d’ordre, les outils de travail, les produits du travail des champs. Ils apparaissent aussi de multiples façons : dans l’usage du bonnet, des ceintures et de la musique, etc. Les chants sont un symbole très important. Et même le Journal sans terre est beaucoup plus qu’un moyen de communication pour le MST. C’est un symbole. Le militant s’identifie à lui, y trouve des affinités, et l’apprécie.

Comment est apparu le drapeau du Mouvement des sans-terre ?

En accord avec la conception de la mystique, théoriquement les gens avaient déjà appris avec l’Église – et aussi dans la pratique – que dans toute organisation sociale, dans tout mouvement social, ce n’est pas le discours qui est la base de l’unité entre les personnes. Ce qui construit l’unité, c’est une vision idéologique et politique de la réalité, et l’usage de symboles qui vont tisser l’identité. Ils matérialisent l’idéal, cette unité invisible. À l’origine du mouvement, dans tout ce que nous entreprenions, nous utilisions différents drapeaux. Certains n’employaient que des drapeaux rouges. Un drapeau, que nous utilisions là-bas, à Encruzilhada Natalino, à Ronda Alta, portait l’inscription « Le peuple uni ne sera jamais vaincu » Sur d’autres était écrit : « La Terre est à qui la travaille ». Sur le drapeau du grand mât, figuraient les mots « Terre et justice ». Il y avait encore d’autres drapeaux, que les gens fabriquaient spontanément.

Peu à peu, à mesure que le mouvement prenait de l’ampleur, nous avons compris que nous devrions avoir une identité propre, pour éviter aussi qu’un éparpillement ne vienne mettre en péril l’unité et l’identité originelles. Nous avons entamé, au milieu de l’année 1986, un débat au sein du mouvement pour que, dans les États, on élabore et présente des suggestions. Avant la Rencontre nationale qui s’est tenue à Piracicaba (État de São Paulo), à la fin de 1986 ou au début de 1987, je ne me rappelle plus exactement, sont apparues diverses propositions, qui ont été diffusées dans les États, afin que tous prennent connaissance des idées présentées. Quand s’ouvrit la Rencontre nationale, deux ou trois propositions avaient été retenues. Après débat, la proposition gagnante fut celle qui constitue aujourd’hui notre drapeau. Nous avons demandé à Hamilton Pereira [6] de composer un poème sur notre drapeau. Il l’a écrit. Ce fut une sorte de lancement officiel du drapeau pour les militants.

Sur le moment, on ne voyait pas très clairement la signification de chaque élément et de chaque couleur. À part deux éléments portant sur l’ensemble. La couleur rouge par exemple, qui exprime traditionnellement la lutte et qui évoque la classe ouvrière, est un élément idéologique très fort. Le dessin du couple sur le drapeau provient du Premier Congrès. Comme dans le monde rien ne se crée, nous nous sommes inspirés d’une affiche du Nicaragua, où l’on voyait un homme et une femme dans une manifestation. Lors du Premier Congrès national, en 1985, ce couple, avec un grand couteau brandi avait frappé les esprits. C’est un signe très fort.

Et d’où est venue cette idée d’une ode au drapeau du MST ?

Hamilton Pereira participait à la Rencontre nationale de Piracicaba en 1987. Il était l’un des invités de la conférence sur la conjoncture agricole. Nous l’avons abordé et lui avons dit : « Nous avons choisi notre drapeau. Et à la fin de la Rencontre nous en ferons le lancement. Nous aimerions que tu prépares un message sur le sens que revêt ce drapeau pour le mouvement ». Et au lieu de faire un discours, comme nous le pensions, il a pris l’initiative de composer un poème.

Est-ce qu’il s’est passé la même chose avec l’hymne du MST ?

Ce fut un processus analogue, mais postérieur. L’hymne a été créé environ deux ans après le drapeau. Les propositions sont venues du Secrétariat national à São Paulo et nous les avons diffusées dans les États. Ensuite, à la Rencontre nationale de 1989, à Nova Veneza (État de São Paulo), fut choisie la proposition gagnante. Ce fut un vrai « festival musical ». L’hymne choisi qui venait de Bahia est devenu l’hymne officiel du MST. Après ce choix, Paulo Maldos [7], de l’Institut sedes sapientiae [8], de São Paulo, grand ami du MST, proposa de contacter le maître Willy de Oliveira, de l’orchestre de l’université de São Paulo, pour donner à l’hymne l’allure d’une marche. Le maître, fils de paysans et politiquement progressiste, accepta de relever le défi. Non seulement il harmonisa les paroles avec la musique, mais il fit enregistrer l’hymne par la chorale de l’Université.

Nous lui en sommes très reconnaissants. Nous l’avons souvent invité à nos festivités, mais il n’a pas pu venir. Nous voulions lui adresser nos remerciements, avec tous les militants, pour le travail qu’il a réalisé et pour sa grande générosité à notre égard.

On observe, ces dernières années, que le MST a le souci de populariser davantage son symbole et son sigle. Est-ce intentionnel ou est-ce simplement le résultat de la place que la lutte pour la terre est en train de prendre dans les médias ?

Effectivement, un ami qui travaille dans une agence de publicité à Campinas (État de São Paulo) a relevé que le sigle du MST est un de ceux qui apparaissent le plus souvent dans les médias. Si nous avions un plan d’action pour figurer dans les médias, comme les grandes entreprises en ont, cela nous coûterait une fortune. Ce serait impossible pour le MST. L’objectif final n’a jamais été les médias. C’est la lutte sociale. Et c’est la lutte sociale qui finit par conquérir des espaces dans les journaux, les revues, les radios et la télévision. Même si cela ne plaît pas aux propriétaires des moyens de communication ou au gouvernement, vient un moment où ils ne peuvent plus passer sous silence la lutte sociale. Et c’est ainsi que le sigle et le nom du MST finissent par devenir populaire.

Maintenant, à l’intérieur du mouvement, nous avons déjà pris la décision de faire figurer le sigle et le symbole du MST sur tous les produits agroindustriels des établissements [9] et de nos coopératives. Nous voulons que la société perçoive que le drapeau n’est pas associé seulement à des occupations de terres. Nous réalisons des conquêtes importantes dans les établissements et il faut que la société les connaisse. Nous n’aurons pas de place dans les médias pour cela. Mais nous pouvons communiquer avec la société sans avoir besoin de recourir aux grands médias. Il suffit, comme toujours, d’être disponible et créatif.

Sur les chants du MST, que pouvez-vous nous dire ?

Le chant reflète toujours un moment de notre lutte ou de notre histoire. C’est un symbole du changement. Ou plutôt, c’est un symbole daté, de la même façon que les mots d’ordre sont des symboles datés. En revanche, l’hymne et le drapeau n’ont pas de date : ils sont intemporels. Les chants et les mots d’ordre nous aident à récupérer notre histoire. Ils enregistrent le moment et ensuite ils évoluent en même temps que l’organisation. Je ne veux pas dire par là qu’ils sont seulement le résultat de l’action politique de l’organisation. Ils sont souvent, politiquement, bien plus avancés que l’action elle-même. Je veux simplement souligner le caractère évolutif qu’ils ont. Par exemple, à l’époque de la répression impitoyable, le chant le plus entonné était celui de Luiz Vila Nova, du Maranhão, qui s’intitulait « Le risque que court le bois, la hache le court aussi ». Ce chant décrivait, fidèlement, la violence qui accablait les paysans du Nord et du Nordeste et les appelait à réagir, et à ne pas se laisser massacrer impunément.

Mais, voyez-vous, les choses changent. Alors qu’aujourd’hui, nous sommes en train de discuter d’un projet populaire pour le Brésil, le chant le plus connu actuellement est « Ordre et Progrès », du camarade Zé Pinto. Ce chant est devenu le symbole de la Marche sur Brasilia.

Le signe que le MST est devenu une référence pour la société est une annonce publiée dans la presse par la MTV [10], où apparaît le bonnet du MST. L’avez-vous déjà vue ?

Je crois que ce n’est pas vraiment une référence. Pour moi, une référence est quelque chose de plus durable, alors qu’une image publicitaire est plus éphémère. Elle agit dans l’instant, sur le moment. Cela montre l’agilité et l’efficacité du secteur, qui tire parti des événements d’actualité à ce moment-là. Ainsi, l’évocation d’une lutte sociale dans une image publicitaire révèle deux choses ; d’abord que la lutte est d’actualité ; et ensuite, que la population est prête à recevoir cette information, c’est-à-dire que la population s’identifie à cette cause, l’apprécie ou la soutient. Il y a là un indicateur du soutien populaire que reçoit notre cause et cela est encourageant.

Comment analysez-vous la série télévisée Le Roi du Troupeau [11] de la chaîne de télévision Rede Globo ? Quel effet a-t-elle eu pour le mouvement ?

Ce n’est pas seulement la série télévisée qui a joué un rôle important. L’exposition de photos « Terre », de Sebastião Salgado [12] a eu un très grand retentissement. Ce fut une exposition mondiale sur notre cause, notre lutte et notre réalité. De même, la contribution de Chico Buarque, qui a enregistré un disque de quatre chansons pour accompagner l’exposition de photos, a été très importante, notamment pour montrer comment se manifestent les différents soutiens que reçoit notre lutte. La série télévisée a été importante, indépendamment du contexte. Il y a eu un débat à ce sujet dans la revue Teoria e Debate (« Théorie et Débat » [13], du Parti des travailleurs.

Ce qui est impressionnant, c’est que le peuple ne s’intéresse pas au détail. Pour lui, ce qui importe est que la télévision parle des sans-terre, peu importe ce qu’elle en dit. Il semble qu’il y avait ainsi une certaine représentation sociale. Ce qui importait, c’était que les sans-terre apparaissaient à la télévision, sur la chaîne Rêde Globo. Évidemment, du fait que les sans-terre figuraient dans la télésérie sur la chaîne télévisée la plus regardée du pays, tout ce qui se passait dans les établissements, dans les campements, prenait de l’importance et pouvait être commenté. Tu avais une présentation virtuelle, celle de la télésérie, et la présentation réelle, celle du quotidien, qui soulevait la question des occupations de terres et les problèmes de l’école, de la réforme agraire, de la production, et le reste. Dans la ville de São Paulo, sans doute parce que la population est déjà très urbanisée, l’impact fut limité. En revanche, dans les petites agglomérations, où les gens voyaient le campement, le vrai, toute la journée, la télésérie avait bien plus d’impact. Le succès obtenu à l’intérieur du pays a été impressionnant.


 Dial – Diffusion d’information sur l’Amérique latine – D 3166.
 Traduction de Lucile et Martial Lesay pour Dial.
 Version originale (portugais) : João Pedro Stédile et Bernardo Mançano Fernandes, Brava gente  : a trajetória do MST e a luta pela la terra no Brasil, São Paulo, Ed. Fundacão Perseu Abramo, 2000, p. 129-137.

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[1João Pedro Stédile et Bernardo Mançano Fernandes, Brava gente : a trajetória do MST e a luta pela la terra no Brasil, São Paulo, Ed. Fundacão Perseu Abramo, 2000, 166 p.

[2João Pedro Stédile et Bernardo Mançano Fernandes, Gens sans terre : la trajectoire du MST et la lutte pour la terre au Brésil, traduit par Maria do Fetal de Almeida et Jean-Yves Martin, Pantin, Le Temps des cerises, 2003, 199 p.

[3Nous avons fait le choix de traduire le mot mística. Susana Bleil, l’autrice du second texte sur ce thème, préfère conserver le terme portugais pour insister sur ce que cette réalité a de singulier. De notre côté, il nous semble que le terme de « mystique » a, en français des acceptions diverses, comme en témoigne l’usage qu’en fait Charles Péguy dans Notre jeunesse : « Tout commence en mystique et tout finit en politique. Tout commence par la mystique [...] et tout finit par de la politique... La question n’est pas que telle ou telle politique l’emporte sur telle ou telle autre [...] l’essentiel est que dans chaque ordre, dans chaque système, la mystique ne soit point dévorée par la politique à laquelle elle a donné naissance. » (Péguy, Charles, Œuvres en prose complètes, tome III, édité par Robert Burac, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1992, p. 20). En ajouter une, qui n’est pas sans rapport avec les autres, nous paraît aller de pair avec l’effort de Dial de rendre disponible, en français, des textes venus d’autres horizons.

[4Installé dans l’ancienne Fazendas Reunidas, sur la commune de Promissão (État de São Paulo). Il a fait partie de la colonne sud, qui a marché de la ville de São Paulo jusqu’à Brasilia, sur le trajet d’environ 1 200 kilomètres suivi par la Marche nationale du MST entre février et avril 1997.

[5Ce dirigeant du MST intervient dans le domaine de la formation. Il se distingue comme poète et auteur de chants utilisés par le mouvement. Il est l’auteur de l’hymne du MST.

[6Il écrit ses poésies sous le pseudonyme de Pedro Tierra. Originaire du Tocantins, il a vécu un long parcours de lutte politique. Prisonnier pendant la dictature militaire, il commença à écrire des vers en prison. Il a publié plusieurs livres de poésie, il a participé à l’organisation du récital de la « Messe des Quilombos », aux côtés de Milton Nascimento et de Dom Pedro Casaldáliga. Il a été Secrétaire à l’agriculture dans le Bureau national du Parti des travailleurs (PT) et également Secrétaire à la culture dans le gouvernement du District fédéral. Il est actuellement directeur de la Fondation Perseu Abramo, du PT.

[7Psychologue et éducateur populaire. Il a été membre du Centre d’éducation populaire de l’Institut sedes sapientiae (CEPIS) à São Paulo, où il apportait son soutien aux activités du MST. Il travaille aujourd’hui au sein du Conseil indianiste missionnaire (CIMI), organisme de la Conférence des évêques du Brésil (CNBB).

[8Institution fondée et inspirée par Mère Christine (Congrégation religieuse des Chanoines de Saint Augustin). Elle se dédie principalement aux études de psychologie. Elle a cependant toujours offert un espace aux organisations populaires.

[9Établissements (Assentamentos) : implantation de familles de paysans sur des terres attribuées par le gouvernement – NdT.

[10Chaîne de télévision spécialisée dans la diffusion musicale. Elle a utilisé le bonnet du MST pour faire la promotion du show du groupe irlandais U2. Comme beaucoup de gens n’avaient pas obtenu de places, la chaîne donna une retransmission du spectacle.

[11Le Roi du Troupeau, série télévisée de Benedito Rui Barbosa que la chaîne de télévision Rede Globo diffusa pendant l’année 1996. La télésérie aborde le thème de la réforme agraire et parle du MST, ce qui eut un grand retentissement dans la société.

[12Considéré comme le plus grand photographe documentaire du monde pour ses reportages sur l’actualité. Né au Brésil, il réside actuellement à Paris. Il parcourt le monde en faisant des reportages photographiques. En 1996, il traita de la situation des sans-terre au Brésil. L’année suivante, il organisa une exposition internationale de ses photos et affiches, avec un livre-document rédigé par l’écrivain portugais José Saramago et un disque avec des chansons de Chico Buarque de Holanda sur la réforme agraire. L’exposition fut réalisée simultanément au mois de mai, dans plus de 40 pays et en plus de cent villes brésiliennes. Ce fut un succès absolu.

[13Ricardo Azevedo et Rogério Sotilli. « “Maledetto latifundio”. Entretien avec João Pedro Stedile et Eugenio Bucci ». Teoria e Debate, São Paulo, Bureau régional du PT / São Paulo, n° 34, mars/avril/mai 1997, pp. 32-39.

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