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LIVRE - L’Économie solidaire en Bolivie : entre marché et démocratie, d’Isabelle Hillenkamp

dimanche 19 janvier 2014, par colaborador@s extern@s

 Éditions Karthala et Graduate Institute Publications
 collection Développements
 ISBN : 978-2-8111-1051-2
 362 pages, 26 euros.

À 4000 mètres d’altitude sur les hauts plateaux andins, des habitants d’El Alto, en Bolivie, échangent et produisent différemment, loin des grands centres financiers et des crises structurelles qui secouent toujours le continent européen. Rejetant la monétarisation et la logique d’accumulation, ils ouvrent d’autres espaces économiques à travers la famille et la communauté, les associations de paysans et d’ouvriers, et d’autres rapports sociaux réciproques et solidaires qui amortissent les tensions entre le libre marché et une certaine égalité des conditions de vie promise par la démocratie.

Or l’économie solidaire, cet espace économique organisé en dehors de la relation classique capital-travail salarié, cohabite mal avec la « révolution démocratique et culturelle » lancée par le président Evo Morales en 2006. Dans la foulée de ces réformes, la pluralité de l’économie bolivienne a été reconnue dans la nouvelle constitution adoptée en 2009. Mais cette vision « ne laisse quasiment aucune place à l’économie solidaire, pratiquée notamment par des centaines d’organisations d’artisans et d’agriculteurs, qui articulent principes de marché, de réciprocité et de redistribution et ne les opposent pas », d’après l’ancienne étudiante de l’Institut Isabelle Hillenkamp, qui vient de publier son dernier livre L’économie solidaire en Bolivie : entre marché et démocratie, une coédition des Graduate Institute Publications et des éditions Karthala.

Au terme d’une année passée à El Alto, Isabelle Hillenkamp offre la première analyse précise de l’économie solidaire bolivienne. Sa recherche de terrain a été l’occasion de rencontres remarquables, notamment avec ces « groupes de femmes artisanes qui existent dans de nombreux quartiers urbains pauvres, » se souvient l’auteure. « Avec l’aide d’organisations locales ou internationales, ces femmes s’organisent pour acquérir collectivement des équipements, comme par exemple des métiers à tisser, déterminer une gamme de produits communs et les commercialiser ensemble. Elles ne rejettent donc pas le mécanisme de marché, mais tentent de le soumettre à leurs propres principes de solidarité pour en tirer des revenus plus élevés ou plus stables. »

Dépassant le cadre de son cas d’étude, l’auteure se livre à une lecture croisée de l’Europe et de l’Amérique latine du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui afin de mieux cerner les contradictions entre deux grands projets de société : la démocratie et le marché. D’après Hillenkamp, « le marché, comme principe d’intégration économique incarné dans une diversité d’institutions marchandes d’une part, la démocratie comme système d’institutions visant l’expression du pluralisme des valeurs de l’autre, ne peuvent coexister sans un système de médiations solidaires conciliant en pratique les valeurs de liberté et d’égalité ».

Quatrième de couverture

Depuis les années 1980, de plus en plus de pays ont opté pour une économie de marché et un régime politique de type démocratique et ce, indépendamment de leur « niveau de développement ». Pourtant, marché et démocratie ne sont pas directement compatibles. Si tous deux reposent sur les principes de liberté et d’égalité, le premier mise sur le pouvoir émancipateur du marché libre, alors que la seconde suppose une certaine égalité des conditions de vie. Une lecture croisée de cas européens et latino-américains illustre cette problématique commune, en même temps que la diversité des systèmes de médiations solidaires entre marché et démocratie. Les solidarités, qu’elles soient enracinées dans des structures familiales ou communautaires, instituées dans des systèmes de protection sociale ou organisées dans des groupes de producteurs ou de consommateurs de l’économie solidaire, créent en effet des interdépendances qui amortissent les tensions entre marché et démocratie. En développant cette analyse socioéconomique, Isabelle Hillenkamp propose une approche novatrice des questions de développement. Par des données récoltées auprès d’organisations d’économie solidaire et de nombreux autres acteurs en Bolivie, elle apporte des réponses ancrées dans la complexité d’un terrain de recherche.

Table des matières

Introduction. L’économie solidaire en Bolivie, entre marché et démocratie : du pluralisme économique à la démocratisation
I. Solidarité, marché et démocratie : une problématique européenne et latino-américaine
II. Les organisations boliviennes d’économie solidaire : réciprocité et redistribution
III. Les organisations boliviennes d’économie solidaire face aux marchés
IV. Réciprocité, marché et démocratie : des tensions fondamentales
V. La démocratisation de l’économie

L’auteure

Isabelle Hillenkamp est titulaire d’un doctorat en études du développement de l’Institut de hautes études internationales et du développement, à Genève. À partir d’enquêtes en Amérique latine, ses travaux portent sur l’économie populaire et solidaire, qu’elle aborde dans une perspective socioéconomique, attentive aux liens entre pratiques économiques et rapports sociaux. Elle est chargée de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), en France.


Page du livre chez Karthala

Publications de l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID)

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