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LIVRE - L’évêque qui refusait le cléricalisme. Cinq années avec Léonidas Proaño chez les Indiens d’Équateur, de Jacques Tribout
jeudi 31 janvier 2019, mis en ligne par
– Préface de Xavier de Maupeou
– éditions Karthala, 2018
– collection Signes des temps
– ISBN : 978-2-8111-2566-0
– 334 p., 25 €.
Quatrième de couverture
À 29 ans, Jacques Tribout interrompt une belle carrière dans l’industrie pour se mettre pendant cinq ans au service des Indiens en Équateur (d’octobre 1981 à novembre 1986). Il va le faire sous la houlette de Léonidas Proaño (1920-1988), évêque de Riobamba de 1954 à 1985. À travers sa découverte de la réalité du pays et son propre partage de la vie des habitants, l’auteur nous présente « l’évêque des Indiens », qui choisit d’être pauvre parmi les pauvres. Emprisonné sous la dictature militaire et dénoncé aux instances romaines qui déclencheront contre lui une enquête pour juger de la manière apparemment non orthodoxe de gérer son diocèse, il est celui qui, sous l’impulsion du Concile Vatican II, a inventé une nouvelle façon d’être Église. Pour Mgr Proaño c’est en libérant l’Église du cléricalisme qu’elle peut à son tour devenir libératrice.
Le diocèse de Riobamba devient un laboratoire de la théologie de la libération, de l’option préférentielle pour les pauvres, des communautés ecclésiales de base. Jacques Tribout, ou plutôt Santiago comme il est connu là-bas, raconte son insertion dans ce formidable mouvement qui a permis aux Indiens de sortir du servage. Les équipes de l’évêque libèrent la Parole, et la Parole libère un peuple opprimé. L’Église elle-même est secouée par le mouvement qu’elle a fait naître.
À la suite de Mgr Proaño, mais à bien moindre conséquence, cela vaudra aussi à Jacques Tribout de devenir suspect aux yeux de la police, au point qu’il préfèrera, profitant d’une opportunité, quitter l’Équateur à bord d’un bananier, évitant ainsi la police des frontières de l’aéroport international de Quito.
L’auteur
Jacques Tribout, ancien élève de l’École Polytechnique, ingénieur et inventeur dans un laboratoire de recherche de Saint Gobain, a été également officier de marine. Après cinq ans passés en Équateur, à son retour en France, il fait des études de théologie, et s’occupe entre autres des laïcs partant en Amérique latine (DCC-CEFAL). Puis il reprend en 1991 sa carrière d’ingénieur, principalement à la SNCF. Aujourd’hui, retraité à Nantes, il revient par ce livre sur une page de l’histoire de la vie de l’Amérique latine et des Églises, histoire grandement susceptible d’inspirer l’Église universelle. Car à l’heure où celle-ci, à la suite du pape François, se penche sur son propre fonctionnement et cherche à dire non au cléricalisme, ce livre apporte le témoignage d’une autre manière de concevoir l’autorité.
Table des matières
Préface de Xavier de Maupeou
Première partie : ma rencontre avec l’Équateur
1. Départ pour l’Équateur
2. Quelques repères sur l’Équateur
3. Quelques aspects de la théologie de la libération
Deuxième partie : Leonidas Proaño, père conciliaire
4. Leonidas Proaño, de sa naissance en 1910 au retour du Concile Vatican II
– A. Leonidas Proaño, de son ordination épiscopale en 1954 au Concile en 1962
– B. Leonidas Proaño, père conciliaire
5. La mise en application du Concile, et les conflits qui s’ensuivirent
Troisième partie : mes cinq années parmi les Indiens quichuas
6. Mon arrivée à Riobamba
7. Mon travail avec les Indiens
8. Les communautés ecclésiales de base (CEBs) en monde rural
9. La pastorale missionnaire dans le diocèse
– A. L’Équipe missionnaire itinérante
– B. La question de l’inculturation
– C. Les missionnaires indiens et le séminaire indien
10. Le diocèse de Riobamba, une Église qui s’invente
11. Ma vie à Riobamba
12. Quelques événements dans la vie du diocèse de Riobamba
13. Retour en France
Épilogue
Messages
1. LIVRE - L’évêque qui refusait le cléricalisme. Cinq années avec Léonidas Proaño chez les Indiens d’Équateur, de Jacques Tribout, 4 février 2019, 11:57, mis en ligne par Alain HENRY
On pourrait dire de ce livre qu’il nous invite à tourner notre regard 30 ans en arrière, pour mieux nous projeter dans ce que pourra être notre Église d’ici quelques années.
Il est difficile d’en résumer le contenu – comme on le dit souvent d’un bon livre – tant il est riche et divers. L’auteur y raconte la vie qu’il a partagée pendant 5 ans au début des années 1980 avec les communautés de base dans la Cordillère des Andes, en tant que « missionnaire laïc », aux côtés de Léonidas Proaño, dans le diocèse de Riobamba en Équateur. L’objet principal du livre – comme l’indique le titre – est de donner un témoignage direct sur Mgr Proaño, grande figure conciliaire et postconciliaire, à travers son action, l’animation de son diocèse, et la vie des communautés de base. On y trouve le portrait d’un pasteur habité par la fermeté et par la douceur de l’Évangile. Ce faisant, on y découvre la vie d’une Église peu connue, voire totalement inconnue en Europe. Mais le livre comporte aussi d’autres aspects passionnants. Il apporte des clarifications solidement étayées sur la théologie de la libération, sur sa richesse et sur les malentendus qui continuent de l’entourer. Il nous livre également un témoignage sur la foi agissante de l’auteur, non dépourvue de réflexion critique et d’une grande liberté d’esprit.
Au fil d’un récit particulièrement clair, l’auteur mêle – un peu à la manière des épitres de Paul – des analyses solides, des réflexions théologiques pour notre temps, des descriptions précises sur l’organisation du diocèse, et bien sûr le témoignage d’une foi engagée et vivante. L’ouvrage rapporte aussi les péripéties vécues dans le contexte politique de l’époque, où l’annonce de l’Évangile et le combat pour les pauvres ne sont pas sans risques. Il nous livre aussi quelques très beaux témoignages sur les fruits produits par l’Évangile dans la vie des communautés de base. Il donne encore à voir la vie quotidienne d’une Église qui, à bien des égards, est moins cléricale que celle de notre vieille Europe. Et enfin il présente de nombreuses réflexions sur des sujets essentiels, tels que le développement économique des paysans pauvres, la montée des églises évangéliques (déjà à l’époque !), la richesse culturelle des sociétés andines, la vie sobre ou encore l’inculturation de la foi.
La lecture de ce livre est une belle façon de nous décentrer, notamment par rapport aux interrogations actuelles sur l’Église, en se rappelant que le Pape François est un familier de ce paysage ecclésial.