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DIAL 2308

AMÉRIQUE LATINE - À propos de la dette extérieure des pays pauvres. La parabole du nouveau « bon samaritain »

Fernando Soriano Arias

vendredi 16 juillet 1999, mis en ligne par Dial

Ce texte écrit par Fernando Soriano Arias est inspiré de Lc 10, 25-37. Il fait partie d’une anthologie qui sera publiée prochainement par l’Agenda latino-américain 2000.


Un économiste « de la loi » se leva et dit à Jésus pour l’embarrasser : « Maître, que doivent faire les pays du tiers-monde pour payer leur dette extérieure éternelle ? »

Jésus lui dit : « Que pensent les gens ? »

Il répondit : « Les gens, avec leur mentalité néo-libérale, insistent pour que les pays du tiers-monde paient la dette jusqu’au dernier centime, qu’ils rendent ce qu’ils doivent, qu’ils ne soient pas nonchalants mais qu’ils travaillent davantage, qu’il n’y a pas à leur remettre la dette, qu’ils doivent « trop d’argent. »

Jésus se tut, garda le silence durant quelques secondes (nous connaissons déjà les silences de Jésus) et commença à leur raconter cette nouvelle parabole : « Il y avait une fois un pays du Sud qui vivait, avec ses joies et ses peines, semblables à celles de n’importe quel pays. Il tomba entre les mains d’économistes, banquiers, chefs d’entreprise (en définitive, de bandits) et ils le dépouillèrent de tout, l’endettèrent et après l’avoir roué de coups avec les intérêts bancaires, ils s’en allèrent, le laissant à demi mort. Par hasard, descendait par ce chemin une Église qui priait pour lui de façon paternaliste et lui donna quelques friandises pour la fête de Noël avec les projets d’assistance. En dépit des aides, elle ne parvient pas à résoudre le problème. Un pays du Nord fit de même, qui était fort instruit en matière de plans, études et programmes économiques, mais il n’apportait pas de solutions. Il insistait même en disant : « Alors, quand est-ce que tu paieras ta dette ! » Il n’éprouva aucune espèce de compassion et il s’éloigna.

Mais un bon pays s’approche de lui. Ce n’était pas un pays riche ; on ne parlait pas beaucoup de lui dans la presse. C’était l’un de ces nombreux pays du Sud, sans forces, sans rien ; mais comme on dit que « l’union fait la force », il s’unit à d’autres pays, pauvres eux aussi, et voyant le pays endetté, ils furent touchés de compassion. Ils soignèrent ses blessures avec des solutions qui paraissaient au départ utopiques mais qui apportaient pour finir des issues concrètes et réelles. Ils utilisèrent pour le soigner de l’huile et du vin : l’huile qui donne la force (la force pour se lever) et le vin qui donne l’allégresse et la jubilation (comme cette allégresse que ressent un peuple face à la venue du Jubilé) et il banda ses plaies. Ils l’aimèrent ensuite comme l’un d’entre eux, le chargèrent sur leur propre véhicule et le conduisirent par le même chemin qu’ils prenaient eux-mêmes. À eux tous, ils payèrent comptant ce qu’ils avaient dépensé pour le soigner et comme il allait dépenser davantage, ils l’accompagnèrent en l’aidant jusqu’à ce qu’il ait récupéré ses forces. Cette fois, c’était sans toucher des « intérêts intéressés » (ainsi, l’histoire ne recommencerait pas une nouvelle fois).

Jésus demanda alors à l’économiste « de la loi » : « À ton avis, lequel de ces trois s’est montré le prochain du pays endetté ? » Il répondit : « Ceux qui ont pratiqué la miséricorde à son égard et l’ont traité comme un frère. »

Jésus lui dit : « Va et toi aussi fais de même. »

Arrivée du bon Samaritain à l’hôtellerie (Gustave Doré)

 Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 2308.
 Traduction Dial.
 Source (espagnol) : Agenda latino-américain, juillet 1999.
 
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