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MEXIQUE - Les cent jours de López Obrador qui semblent être mille ans

Luis Manuel Arce

lundi 25 mars 2019, mis en ligne par Françoise Couëdel

Lundi 11 mars 2019.

Les premiers cent jours du gouvernement du président du Mexique Andrés López Obrador semblent être mille ans en raison de l’importance des initiatives prises et de la rapidité de leur mise en œuvre.

Pour le Mexicain moyen c’est comme si les derniers gouvernements antérieurs appartenaient à une époque reculée dont le souvenir s’éloigne tant le dynamisme de l’action présente est intense et que, jour après jour, ce qui fut est enterré sans s’enliser dans le passé – ce qui ne veut pas dire qu’on doive l’oublier ou l’effacer, selon le mandataire – car tout se passe dans le vertige d’un changement de la vie sociale, et qui n’est pas pure rhétorique.

Ce changement de régime – et non de gouvernement – López Obrador l’appelle la IVe Transformation, son principal apport historique, car il est, en résumé, un processus politique, économique et social qui suppose un nouveau modèle de production pour éradiquer le régime néolibéral qui a régi le destin du Mexique au cours des 36 dernières années.

Parmi les actions marquantes des cent jours écoulés, leur mises en application ou leur lancement, les plus notoires sont l’annulation du projet du nouvel aéroport international de Mexico, le projet du Train maya, la viabilité de Pemex et la lutte contre le vol d’essence, la création d’une Garde nationale, les nombreux programmes de bien-être social qui font partie d’un Plan national de sécurité pour éliminer la violence, éradiquer la corruption à la source et opérer un assainissement moral, éthique et punitif des plus hautes instances du gouvernement.

C’est, en outre, une politique d’austérité pour éviter le gaspillage qui suppose un large panel de mesures d’économies et de contrôle de la dépense publique : le réajustement des ressources attribuées à des organismes étatiques et civils, l’élimination de tout le superflu, y compris la garde de sécurité présidentielle, les véhicules et avions officiels, les yachts, les frais de déplacements excessifs, les hauts salaires et la transformation de la résidence officielle de los Pinos en lieu de visite et d’agrément ouvert au public.

Cependant, certaines agences de notation ont évalué négativement les entreprises publiques, Pemex et la Commission fédérale de l’Énergie (CFE), au moment précis où le gouvernement les assainit et les remet à flot, grâce à des investissements et des affectations de ressources financières importantes.

Dans sa réponse le mandataire suggère à ces agences internationales d’intégrer dans leurs éléments de notation la variante de la corruption, en raison de son énorme influence sur les résultats de la gestion. Dans le cas du Mexique, selon ses calculs, plus des deux tiers des bénéfices de Pemex et de la CPE allaient dans les poches de particuliers ce qui expliquait leurs faibles performances.

Une des actions immédiates, d’une importance stratégique majeure, de Lopez Obrador, dans ces cent jours, a été d’annuler la réforme énergétique appliquée par le gouvernement antérieur qui a fait plonger Pemex en réduisant ses possibilités d’investissement, en limitant sa capitalisation et en annulant sa capacité réelle d’augmenter sa production de brut et de raffinage ; il en a été de même pour la CFE, et cela dans le but de faciliter leur privatisation.

Tout ce capital qui auparavant était perdu, revient désormais aux budgets de Pemex et de la CFE, sans compter ce qui était auparavant payé au fisc en impôts excessifs : cela permettra de mettre en œuvre les plans d’expansion et de redynamiser, sans qu’il y ait corruption, les activités productives de distribution et de commercialisation.

Pemex se trouve pour la première fois en condition de récupérer des niveaux d’extraction de brut de l’ordre de 3,4 millions de barils jours au lieu des 1,7 actuels et d’augmenter sa capacité de raffinage, avec une nouvelle usine dans le Tabasco, et la modernisation des six existantes dont la technologie est obsolète et requiert, de ce fait, du pétrole d’importation.

Les nouveaux accords en cours avec des entreprises nationales et étrangères ont déjà été annoncés et tout le monde attend une réhabilitation du secteur énergétique dans son ensemble. Tout cela en cent jours et au cœur d’un combat acharné contre les voleurs d’essence et des problèmes dans le système de distribution.

Quant à sa politique extérieure, le mandataire a fait en sorte que le monde capte le message de ce que sont à l’œuvre des changements profonds de vision dans son gouvernement ; l’exemple le plus clair est le cas du Venezuela qui lui a permis d’exprimer le retour à la position de principe inspirée de Benito Juárez : le respect du droit d’autrui est le garant de la paix.

Cette maxime il l’a appliquée avec insistance dans les cas où il a subi des pressions : la reconnaissance du président Maduro, la souplesse du traitement de l’exode migratoire d’Amérique centrale et les relations avec les États-Unis sur la base du respect mutuel.

Quant à la communication publique, il est le premier président mexicain à donner une conférence de presse presque quotidienne – au nombre de 67 à la date du 8 mars – et qui travaille le plus en dehors de son bureau. En cent jours il n’a pris de repos que les 25 et 31 décembre et le 1er janvier ; il a consacré 56 jours à parcourir le pays, dans des vols commerciaux et par la route, incluant dans son périple les villages et contrées les plus éloignés et isolés du pays.

Depuis le 1er décembre 2018, et jusqu’à ce jour, il a pris 42 vols commerciaux, a parcouru 40 000 kilomètres, assez pour faire le tour du monde, et passé dans les airs 4 150 minutes soit 172 heures. Sur terre il maintient un rythme similaire à celui qu’il a mené depuis 12 ans : en cent jours il a parcouru 11 728 kilomètres et conduit son véhicule personnel 10 969 minutes.

Le président poursuivra ses déplacements dès qu’il aura terminé son rapport sur l’état de la Nation des premiers cent jours de son gouvernement.


Traduction française de Françoise Couëdel.

Source (espagnol) : https://www.alainet.org/es/articulo/198628.

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