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BRÉSIL - La droite brésilienne a échoué

Emir Sader

lundi 26 avril 2021, mis en ligne par Françoise Couëdel

19 avril 2021.

La droite a épuisé le répertoire des alternatives qu’a le pays : la dictature militaire, le néolibéralisme de Fernando Henrique Cardoso et Bolsonaro.

La droite brésilienne a toujours contrôlé le pouvoir au Brésil, depuis qu’elle a commencé à imposer son pouvoir sur les peuples indiens, à les opprimer et à exploiter leurs richesses. Elle l’a fait en utilisant le système le plus monstrueux de l’histoire de l’humanité, l’esclavage qui, avec le colonialisme, constitue un des fondements de l’histoire brésilienne.

Avec le temps, cette domination a changé de forme et acquis un caractère national mais n’a jamais cessé. Plus de quatre siècles plus tard, en 1930, la droite brésilienne fut défaite par Getulio Vargas grâce à une révolution, ce qui a contribué à la rendre profondément anti-gétuliste. Avec le soutien du libéralisme elle a attaqué Vargas pour son autoritarisme et sa politique d’« achat » de la conscience des travailleurs par des concessions qu’elle considérait démagogiques, comme la hausse des salaires et le droit de se syndiquer.

La droite brésilienne fut systématiquement défaite par Vargas. Bien que les forces conservatrices, l’ayant accusé de corruption l’aient conduit au suicide, elles ne parvinrent pas à le battre dans les urnes. Quand la droite a finalement gagné, en 1960, ce fut avec un aventurier, Janio Quadros, qui hérita des stigmates d’accusations basées sur la corruption et le moralisme. Néanmoins la victoire de Quadros dura à peine quelques mois et se transforma en une nouvelle défaite.

La plus grande victoire de la droite n’eut pas lieu dans un contexte démocratique mais avec la dictature qui parvint à détruire la démocratie et une grande partie de la gauche, par le biais de la répression la plus systématique qu’ait connue le Brésil. En outre, celle-ci prépara une alternative pour le capitalisme latino-américain en crise : la croissance économique sous un État dictatorial. Ce fut la plus ample imposition de la droite brésilienne sur le continent.

Ce fut une victoire basée sur la surexploitation des travailleurs et la destruction de la démocratie. Si elle a pris fin ce fut par ce que les grèves encouragées par Lula da Silva mirent fin au gel des salaires – pilier du « miracle économique » – et le régime fut dans l’incapacité de résister. La droite triompha dans sa transition vers la démocratie, en empêchant l’élection présidentielle directe et en limitant la transition à un processus de restauration de la démocratie libérale, sans d’autres modalités de démocratisation que sont l’accès à la terre, l’information, les structures économiques monopolistiques, le système éducatif, entre autres choses.

La droite a remporté à nouveau une victoire à la Pyrrhus, en 1989, avec le triomphe électoral de Fernando Collor de Mello – autre aventurier comme Jânio Quadros – sur la candidature de Lula. Son gouvernement, désavoué ensuite pour corruption, fut sauvé par Fernando Henrique Cardoso en tant que « dernière victoire démocratique de la droite ». Il a été de courte durée, à mesure que le libéralisme s’est révélé être un modèle de concentration de la richesse et dans l’incapacité de retrouver une croissance économique.

Depuis lors la droite a cumulé une impressionnante succession de défaites, sans précédent jusqu’alors dans l’histoire du Brésil, sous le gouvernement de Lula et du Parti des travailleurs (PT). Elle n’a triomphé à nouveau qu’avec la rupture de la démocratie en 2016, et grâce à un coup de force a permis l’élection de Jair Bolsonaro. Grâce à ce dernier, la droite a présenté ce qu’elle avait à offrir au Brésil, face au risque que représentait selon elle le retour au pouvoir du PT.

La droite a épuisé le répertoire des alternatives qu’elle offre au pays : la dictature militaire, le néolibéralisme de Fernando Henrique Cardoso et Bolsonaro. La gauche a proposé et mis en pratique diverses alternatives, en particulier celle des gouvernements par le PT, avec une croissance économique et une redistribution des revenus, et la consolidation sociale et politique de la démocratie.

En 2022 la droite et la gauche présenteront les alternatives possibles pour que le peuple brésilien choisisse entre ses avenirs possibles qui s’offrent au Brésil. Ce sera un choix à faire entre la démocratie et l’autoritarisme, entre la croissance économique et la concentration de revenus. Il faudra choisir entre Lula et Bolsonaro.


Traduction française de Françoise Couëdel.

Source (espagnol) : https://www.alainet.org/es/articulo/211865.

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