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DIAL 2710
BRÉSIL - Par rapport à la population totale du Brésil, les catholiques diminuent et les évangélistes croissent
lundi 1er mars 2004, mis en ligne par
L’avenir du catholicisme, dit-on souvent, se trouve en Amérique latine, continent qui comporte le plus grand nombre de catholiques au monde. Il n’en reste pas moins que, dans le cas du Brésil par exemple, si le nombre des catholiques augmente en chiffres absolus (ils sont toujours de plus en plus nombreux), il baisse en pourcentage de la population totale. On observe l’évolution inverse en ce qui concerne les chrétiens dénommés évangélistes, qui sont parfois qualifiés de« sectes » au Brésil mais auxquels les catholiques eux-mêmes donnent de plus en plus souvent le nom d’« Églises ». Texte paru le 8 mai 2002 sur le site de l’Etat de São Paulo.
Le Brésil avait en l’an 2000 presque 2 millions de catholiques de plus qu’en 1991 ; mais cette augmentation n’est pas une bonne nouvelle pour l’Église catholique dans le pays. Il y a eu une chute de 10% en 9 ans : ceux qui se reconnaissent comme catholiques apostoliques romains, qui étaient 83,8% de la population brésilienne, représentent maintenant 73,8%.
Si l’indice du début de la décennie s’était maintenu, le pays aurait 142,2 millions de catholiques. En réalité, il y en a 124,9 millions, ce qui représente une différence de 17,3 millions de fidèles. La tendance à la baisse venait déjà de la décennie antérieure, mais elle a été accentuée. Au recensement de 1980, 88% de la population s’était déclarée catholique.
Les évangélistes suivent un chemin inverse. Ils étaient 13,3 millions en 1991 ; maintenant ils sont 26,1 millions, presque le double. Ils avaient un petit 9,1% de la population et ils sont arrivés à 15,4%. De même, ceux qui affirment n’avoir aucune religion se sont accrus. En nombre absolu, ce fut une augmentation de 5 millions de personnes. Ils étaient 7 millions en 1991, soit 4,8% de la population. Ils sont passés à 12,3 millions en 2000, arrivant à 7,3% des habitants.
Au recensement 2000, l’Etat de Rio se signala comme l’Etat ayant la plus grande diversité religieuse. Il a le plus fort indice de non-catholiques du pays (42,8% de la population) ; un phénomène déjà constaté dans l’enquête démographique de 1991. La diminution des catholiques a été accentuée dans le Nord, elle a atteint 18 points de pourcentage en Roraima et 15 points à Rondônia et Acre. C’est à Rondônia qu’il y a eu le plus fort pourcentage d’évangélistes : 27,7% de la population. Dans la division par région, le Centre-Est représente le plus fort pourcentage des évangélistes, avec 19% ; et le plus faible de catholiques avec 68,8%.
La diminution des catholiques a également été grande dans l’Etat de Espíritu Santo. En 1991, 75% des capixabas (habitants de Espíritu Santo) s’étaient déclarés catholiques apostoliques romains. En 2000 cet indice fut de 61%, ce qui révèle une chute de 14 points. Il y eut, en contrepartie, une augmentation des évangélistes qui, de 17,5% de la population de l’Etat de Espíritu Santo passèrent à 27,5%.
Bien que la proportion des catholiques ait diminué dans tous les États, le Nordeste continue à être la région ayant la plus forte présence catholique du pays avec 80% de la population. La plus grande concentration est dans le Piauí, avec 91,3%, ce qui, par rapport avec 1991 représente une chute de 3,7 points. C’est le seul Etat de tout le pays où la proportion des catholiques dépasse 90% des habitants.
Les hommes sont la majorité des interviewés qui se déclarent sans-religion. Pour 100 femmes de cette catégorie, il y a 152,3 hommes. Déjà, parmi ceux qui ont une religion, il y a davantage de femmes, surtout évangélistes. Pour 100 personnes évangélistes de sexe féminin, il y a 78,7 hommes. En ce qui concerne les catholiques, les hommes ne sont la majorité que dans la zone rurale. Pour 100 femmes catholiques de cette région, il y a 110,8 hommes. Dans le compte général des catholiques du pays, il y a 97,8 hommes pour 100 femmes.
Une subdivision faite par les agents du recensement indique que la grande majorité (67,6%) des évangélistes appartiennent aux Églises d’origine pentecôtiste comme l’Assemblée de Dieu, l’Église congrégationnelle chrétienne du Brésil et l’Église Universelle du Règne de Dieu. Ces trois réunissent 12 millions de fidèles sur un total de 17 millions de pentecôtistes.
Sans religion
L’étudiante en tourisme Alessia Isabella Nemichini, 20 ans, dit qu’elle a failli être catholique. Cette jeune fille n’avait pas été baptisée parce que sa mère pense qu’il ne faut pas imposer une religion ; il lui est arrivé de fréquenter des rencontres de jeunes catholiques. Mais elle a laissé. « Ce que l’Eglise prêche n’a rien à voir avec ce que je crois au sujet de la relation entre les hommes » s’est-elle justifiée. « Ma grand-mère disait que toute religion est bonne pour enseigner le bien. Si vous avez une famille qui enseigne ce qui est juste, ce que sont les principes et à avoir bon caractère, pas besoin de religion. »
Alessia fait partie du groupe de 2 224 028 personnes qui habitent Rio de Janeiro et déclarent n’avoir pas de religion. Ce nombre correspond à 15,53% de la population de l’Etat, selon les données du recensement 2000 publiées par l’IBGE (Institut brésilien de géographie et de statistiques). Ce qui signifie que Rio a le double de la moyenne nationale de ceux qui n’ont pas de religion – 7,3% des brésiliens.
« Je pense que cela arrive parce qu’ici il y a toujours eu une grande diversité culturelle. Les gens ont accès à l’information et ils n’ont pas besoin d’une religion pour donner sens à leur vie » avance l’étudiant en sociologie Daniel Ganem Misse, 21 ans. Ami d’Alessia lui non plus n’a pas de religion. Tous deux visitent églises et temples uniquement au cours de voyages. « C’est intéressant au point de vue de l’architecture », dit Misse. Parfois même en passant. « Mon père raconte que quand j’étais enfant je fus expulsée de la Mosquée Bleue en Turquie parce que je n’arrêtais pas de pleurer », se souvient Alessia.
La famille de Misse est un exemple d’un autre fait révélé par le recensement 2000 – à savoir que Rio, pour être l’Etat le moins catholique du pays (57,16% quand la moyenne nationale est de 73,8%) est celui qui a la plus grande diversité religieuse. Les grands-parents de l’étudiant étaient chrétiens orthodoxes. La mère a été adepte de l’hindouisme. « Aujourd’hui, elle est un peu de tout ce qui a à voir avec le spiritisme oriental » explique Misse. Le père, quand il était marxiste était athée. « Maintenant il dit qu’il est catholique non pratiquant ».
L’étudiant dit que le mélange religieux dans sa famille a provoqué une certaine confusion. « J’ai été élevé loin de la culture catholique et je vois avec curiosité les religions orientales. J’aimerais même les étudier. Mais j’ai toujours été sûr du fait que je n’ai pas de religion » dit-il.
– Dial – Diffusion d’information sur l’Amérique latine – D 2710.
– Traduction Dial.
– Source (portugais) : Site de l’Etat de São Paulo, 8 mai 2002.
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