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DIAL 2628

BRÉSIL - Les communautés ecclésiales de base font intégralement partie de l’Église brésilienne

dimanche 16 mars 2003, mis en ligne par Dial

Á Cachoeira do Campo, dans l’État du Minas Gerais au Brésil, s’est tenu du 19 au 22 janvier 2003 un Séminaire sur les communautés ecclésiales de base. Le bulletin hebdomadaire de la Conférence national des évêques brésiliens (CNBB) a publié, en encart, dans son édition du 30 janvier 2003, la lettre rendue publique par les participants à ce séminaire en la présentant de la façon suivante : « Á l’initiative de ‘Dimension communautaire et participative - Secteur communautés ecclésiales de base’, la CNBB a organisé un séminaire réunissant évêques, agents de pastorale, leaders de régions, conseillers et conseillères afin de reprendre la réflexion sur l’ecclésiologie en partant de la pratique récente des communautés ecclésiales de base (...). Il a été clair qu’il n’y a pas de problème quant à leur caractère ecclésial puisqu’elles sont en totale communion avec l’Église, mais qu’il y en a quant à leur identité. Les documents principaux sur ces communautés ont été écrits il y a 20 ans ou plus, et ils ne tiennent pas compte de tous les changements survenus pendant cette période, qui ont affecté leur façon d’être et d’évangéliser. En examinant les communautés de base d’aujourd’hui, nous percevons qu’elles ont créé de nouvelles façons de s’organiser et d’agir dans la société en se coordonnant mieux avec d’autres organisations de la société et de l’Église elle-même. Ainsi, elles perdront de leur visibilité sociale, non de leur vitalité. Le climat d’espérance qui entoure la préparation de la 11ème rencontre interecclésiale montre bien cette réalité. Dans un geste de communion, les participants ont envoyé aux communautés la lettre ici reproduite. »


Frères et soeurs, compagnons de route des communautés écclésiales de base,

Il n’y a ni Juif ni Grec,
Il n’y a ni esclave ni homme libre,
Il n’y a ni homme ni femme ;
Car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus.
Gal 3, 28 (trad. Bible de Jérusalem)

Nous souhaitons partager avec vous un peu de l’expérience que nous avons vécue, dans un séminaire sur l’ecclésialité des communautés écclésiales de base, qui s’est tenu du 19 au 22 janvier 2003. Nous étions réunis quelque part dans le Minas Gerais, membres de communautés de base de tout le Brésil : 38 représentant de la base, la secrétaire de la Conférence nationale des évêques du Brésil, 12 évêques et 19 conseillers des communautés de base, parmi lesquels un pasteur presbytérien.

L’idée du séminaire était née lors d’une réunion des évêques pendant la 10ème interecclésiale, qui avait eu lieu à Ilhéus (Etat de Bahia), où les évêques avaient exprimé le désir d’approfondir l’ecclésialité des communautés de base, c’est-à-dire leur façon d’être Église.

La joie de notre rencontre, dans cette belle région de Ouro Preto, s’est mêlée à la douleur des victimes des glissements de terrain et des inondations provoquées par les pluies. Dom Luciano, évêque de l’archidiocèse de Mariana, nous a accueillis chaleureusement, tout en prenant le temps de s’occuper de la population en détresse.

Nos travaux ont commencé par un exposé du frère Clodovis Boff, qui a expliqué de quelle manière les communautés de base sont l’Église, dans leur relation avec Jésus-Christ, avec la société, avec l’Eglise universelle et avec ses pasteurs. La naissance des communautés de base rend possible une expérience chrétienne intégrale.

Ana Maria Tepedino nous a également montré que, dans les premiers temps, l’Église se réunissait dans les maisons privées et vivait une ecclésialité de communion, où les relations étaient fondées sur l’égalité. C’était là l’Église Peuple de Dieu. C’est ce qu’exprime l’Épître aux Galates. Cependant les Lettres pastorales (Timothée I et II, Tite), révèlent que, dès la fin du premier siècle, à côté de l’Église des maisons privées, se constituait une Eglise de structure patriarcale.

Dans les discussions en ateliers et dans les réunions plénières, nous avons creusé trois questions de fond :

1. Écclésialité et exercice du pouvoir. Nous avons vu que le Concile Vatican II a provoqué une grande ouverture lorsqu’il a défini l’Église comme Peuple de Dieu et abordé le thème de la collégialité dans l’exercice du pouvoir. Nous avons constaté que, dans le quotidien, les communautés de base essaient de vivre cette collégialité, c’est-à-dire que tout est discuté, décidé et réalisé en commun.

2. Service, mission et spiritualité. Les communautés de base ont moins de visibilité et moins d’appuis, mais elles déploient plus d’énergie dans l’exécution des projets pastoraux et des campagnes de l’Église. Elles se déploient dans les luttes populaires, voire politiques, parce qu’elles mettent en première place le Royaume de Dieu. Notre spiritualité transmet l’héritage de la tradition catholique du souci des pauvres et de la force de la Bible dans la vie. Le Centre d’études biblique [1] a contribué à l’enracinement de cette façon libératrice de lire la Bible.

3. Identité, dilution et réaffirmation des communautés de base. Nous avons découvert que nos communautés, dans la société et dans l’Eglise, apparaissent aujourd’hui comme un levain dans la pâte : on les voit à peine, mais elles répandent le goût du Royaume. Pourtant elles ont leur identité propre et veulent montrer leur visage. Elles ont beaucoup à apporter pour toute l’Église. Nous ressentons la nécessité de garantir les conquêtes historiques des communautés de base : elles incorporent dans leur façon de faire l’Église, les cultures populaires, les femmes et les hommes qui ne sont pas reconnus, la relation entre foi et vie, le rôle majeur des femmes, l’expression du peuple noir, du peuple indigène et des autres ethnies, l’œcuménisme et le dialogue interreligieux. Les communautés de base sont une présence missionnaire de l’Église aux marges de la société, des partenaires des mouvements populaires et des ONG.

Nous, communautés de base, nous voulons continuer à approfondir la réflexion sur les points suivants :

 Comment acquérir progressivement notre autonomie, en communion avec nos pasteurs ;
 Comment inventer une formation qui prépare nos instances dirigeantes et les futurs prêtres à une pratique engagée au service des pauvres et des exclus ;
 Comment inscrire quotidiennement les expériences diverses des communautés de base dans un grand réseau qui rende visible le partage et la communion ;
 Comment présenter le visage des communautés de base avec leur identité d’Église en marche, dans le contexte actuel social et religieux ;
 Comment faire, dans les communautés de base, une place plus grande aux jeunes, avec leur façon de comprendre et d’agir ;
 Comment s’ouvrir toujours aux nouveaux défis du moment historique présent : questions de genre [2], d’écologie, d’œcuménisme, d’inculturation, différences entre les générations, contexte de menace de guerre, etc.

Nos réflexions se sont développées dans un climat très fraternel et joyeux, malgré les soucis liés aux difficultés que connaissent nos communautés de base. Il s’agit d’être une Église du partage et de l’égalité, dans la diversité des services et des ministères. L’attachement et l’expérience de certains évêques qui ont soutenu les communautés depuis leur naissance, et leur ont été fidèles au long du chemin : Dom Antônio Fragoso, Dom José Maria Pires, et Dom Luciano Mendes de Almeida, nous ont été très précieux. Et nous avons apprécié également la présence et la participation significative de nouveaux évêques, ainsi que du Révérend Elias de Andrade Pinto.

Les moments de célébration ont réchauffé nos cœurs. Nous avons récité l’Office divin des communautés en harmonie avec toutes les communautés de base. Et dans l’Eucharistie vivante nous ne vous avons pas oublié, frères et sœurs sur le chemin, dispersés dans tout le Brésil, avec tout ce peuple qui éveille l’espérance capable de vaincre la peur.
Dans la communion de la Trinité, qui est la meilleure des communautés, et avec Notre-Dame de la route, nous vous embrassons tous, dans l’assurance que le Royaume est notre cause et notre flamme.

Amen, Axé, Auere, Aleluia, Uai !


 Dial – Diffusion d’information sur l’Amérique latine – D 2628.
 Traduction Dial.

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[1Groupement œcuménique fondé en 1979.

[2Masculin/féminin.

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