Accueil > Français > Amérique latine et Caraïbes > AMÉRIQUE LATINE - L’Argentine propose de commercer davantage avec quatre (…)
AMÉRIQUE LATINE - L’Argentine propose de commercer davantage avec quatre pays, dont Cuba, pour lutter contre l’inflation
14ymedio
jeudi 23 mars 2023, mis en ligne par
Toutes les versions de cet article : [français] [français]
27 février 2023 - López Obrador, lance ce mécanisme d’échanges de produits qui inclura aussi le Brésil et la Colombie.
Cuba est l’invité inattendu à une rencontre, le 17 mars prochain, entre les présidents d’Argentine, du Mexique, du Brésil et de la Colombie pour créer un mécanisme d’échanges de produits grâce auquel ils aspirent à contenir l’inflation. L’accord possible entre les quatre géants de l’Amérique latine et l’économie cubaine rachitique a été révélé par Alberto Fernández, en personne au quotidien économique et financier argentin Ámbito :
« Andrés Manuel López Obrador m’a appelé et m’a proposé de lancer un accord avec le Brésil, la Colombie et Cuba, qui à eux tous représentent la majeure partie du PIB de la région, pour résoudre le problème de l’inflation qui est commun à nous tous » a déclaré en exclusivité le président à ce quotidien.
Le président mexicain, qui a reçu Fernández le 17 février dernier, a commenté cette idée qui doit se concrétiser le mois prochain lors de ce sommet. L’idée, a déclaré le président argentin, est de dresser une liste de produits « sensibles » qui, dans le cas où leur prix s’envolerait, pourraient être importés à un prix plus avantageux.
Si le prix d’un produit comme l’habillement montait de façon alarmante on pourrait avoir recours à un des pays participants, comme le Brésil, pour l’obtenir à un prix plus bas et l’échanger contre un autre plus accessible dans le pays, comme le soja par exemple.
Ce mécanisme, a précisé Fernández, serait « une sorte de clearing », système qui est connu dans le domaine économique des systèmes de compensation commerciale.
Alberto Fernández précise qu’après avoir contacté López Obrador, il s’est entretenu avec Luiz Inacio da Silva, Gustavo Petro et Miguel Díaz-Canel pour leur faire part de cette initiative et de cette rencontre : « Nous avons décidé en outre, qu’en attendant, les ministres de chaque pays en discuteraient entre eux. Dans mon cas j’ai donné des instructions au chancelier Santiago Cafiero et à Sergio Massa, ministre de l’économie, pour avancer dans cette direction », ajoute-t-il.
Des propos de Fernández on peut en déduire que l’idée d’inclure Cuba émane du président mexicain, même si c’est le chef d’État argentin lui-même qui naturellement inclut l’ile dans le groupe des pays qui apportent à l’Amérique latine la plus grande part du Produit intérieur brut.
Selon les données de la Commission économique pour l’Amérique latine (Cepal) à la fin de 2021, l’économie du Brésil est, avec 1 608 981 000 dollars de PIB, l’économie la plus importante de l’Amérique latine, suivie par celle du Mexique, avec 1 296 024 000 dollars. Viennent ensuite, loin derrière, l’Argentine (487 227 000) et la Colombie (314 464 000), mais le Chili avec 317 059 000 n’est que la quatrième de la région.
Pour situer Cuba il faut aller jusqu’au 27e rang, avec 2 053 000 dollars officiels cette année, très en dessous même du Venezuela, qui se situe au 12e rang et sans qu’ait été mentionnée la présence possible au sommet de Nicolás Maduro. N’est apparemment pas invité non plus, du moins à cette date, le chilien Gabriel Boric, théoriquement en accord idéologique avec ce bloc bien qu’ayant des positions divergentes sur Cuba, la Nicaragua et le Venezuela.
L’Île est largement en tête comme champion de l’inflation au sein de ce groupe. Même si l’Argentine, qui a clôt l’année 2022 avec 94,8% d’augmentation des prix, semble être le gagnant absolu même face à l’ile qui a connu 39% ; le marché informel indique que Cuba a terminé l’année avec des hausses de 140%. Loin derrière restent la Colombie avec 13%, le Brésil avec 5,7% et le Mexique avec 7, 8%, sans que ces chiffres soient négligeables.
Même si l’Argentine ne connaissait pas depuis 32 ans une situation économique telle que celle qu’elle connaît actuellement les dernières décennies ont été extrêmement instables aussi bien pour des raisons propres qu’extérieures et le pays a connu en alternance de fortes croissances économiques et des baisses si fortes qu’elles l’ont obligée à suspendre des paiements et à recourir au Fonds monétaire international pour la sauver.
L’Argentine a clôt l’année 2022 avec 94,8% d’augmentation des prix , tandis que pour l’ Île elle était de 39%, et s’élève à 140% sur le marché informel.
Comme pour la majorité des pays, d’abord la pandémie et la crise mondiale aggravée par la guerre en Ukraine ont empiré la situation et les mesures prises ont assombri l ‘économie, aussi bien au niveau macroéconomique que microéconomique. En dépit de cela et des équilibres que le président doit maintenir pour satisfaire le FMI dans cette année électorale, on prévoit que ce sera une des nations qui aura la plus forte croissance de la région.
L’Argentine est un grand exportateur de matières premières, soit 70% de son commerce international. Les céréales et les oléagineux supposent, en réalité, environ 50% de ses exportations totales, raison pour laquelle Fernández a manifesté un grand enthousiasme pour ce mécanisme créé par López Obrador. Selon le président, les pays appelés à signer l’accord représentent une variété importante de productions alimentaires, énergétiques et transformés et, en outre, auront comme avantage de ne pas se voir obligés de recourir au dollar comme monnaie d’échange.
Les échanges commerciaux entre le Mexique et l’Argentine n’ont jamais été très actifs. Le Ministère de l’Économie mexicaine a situé, en 2018, ce pays au 29 ème rang de ses partenaires, à peine 0,2/% du commerce total et sixième de la région. Tout juste un an plus tard, en 2019 il a chuté encore davantage au 31 ème rang, avec 1milliard 562 millions de dollars.
Mais de son côté le commerce bilatéral entre Cuba et l’Argentine dépasse actuellement les 300 millions de dollars et est basé essentiellement sur les matières premières et les produits alimentaires. Dans les dernières années les échanges se sont multipliés pour former des projets communs, spécialement pour dynamiser l’agriculture.
Traduction française de Françoise Couëdel.
Source (espagnol) : https://www.14ymedio.com/economia/Argentina-comercio-incluyendo-Cuba-inflacion_0_3486251346.html.