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BRÉSIL - La destruction environnementale dévaste de vastes territoires
Juraima Almeida
jeudi 3 octobre 2024, mis en ligne par
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17 septembre 2024 - Lula da Silva, au deuxième semestre de la deuxième année de son troisième mandat présidentiel, présente des résultats positifs dans de nombreux domaines, y compris celui de l’économie, mais actuellement de vastes territoires du Brésil sont victimes de désastres environnementaux et on redoute l’augmentation de la faim et de la soif.
Au cours de ce nouveau mandat de Lula, l’inflation reste en dessous des prévisions (5%) qui prévoyait jusqu’à 4,75% ( les plus pessimistes ou alarmistes indiquaient jusqu’à 5%) et bien qu’elle soit passée de 3,9% à 4,25% elle est toujours sous les 4,5% prévus par la Banque centrale. L’augmentation est due aux tarifs de l’énergie électrique qui ont augmenté considérablement en raison de la sécheresse qui s’abat sur le pays.
L’économie continue à croître, le commerce extérieur connaît une certaine amélioration mais un problème semble sans solution : la dévastation environnementale qui touche des points précis – de véritables désastres – et qui, pour empirer le scenario dramatique, s’étend à pratiquement tout le pays : jusqu’à la semaine dernière 10 millions de personnes ont été directement touchées par des incendies de forêt, nombre d’entre eux dans des zones sous protection environnementale.
Au moins sept des capitales des états brésiliens – y compris certaines les plus peuplées – souffrent de « l’insalubrité » de la qualité de l’air, d’une plus ou moins grande importance, selon les spécialistes. Le fleuve Amazone, le plus abondant du monde, et certains de ses affluents ont atteint les niveaux les plus bas des 120 années d’enregistrement. Un cinquième de l’eau douce du monde coule à travers cette forêt tropicale.
La déforestation de l’Amazonie, la forêt tropicale qui recèle la plus grande biodiversité du monde, a contribué à diminuer les pluies et à affaiblir la capacité des arbres et du sol à retenir l’humidité. Cela a augmenté la sécheresse et diminue la résistance de la forêt à la dégradation environnementale et aux phénomènes tels que les incendies de forêt. Le Brésil fait face à des incendies de forêt et des sécheresses record et la situation ne peut qu’empirer. Les incendies en Amazonie ont brûlé des millions d’hectares, ce qui a contribué à dégrader la qualité de l’air dans les principales zones métropolitaines. La sécheresse extrême au Brésil continue à augmenter l’aridité ce qui a provoqué des incendies de forêt record en Amazonie.
Les flammes de dizaine d’incendies ont dévasté des millions d’hectares, faisant de cette année la pire en matière d’incendies en Amazonie en presque une décennie, selon la Rainforest Foundation US. Mais la façon dont les chercheurs mesurent l’exposition à la fumée des incendies de forêt n’enregistre pas les effets à long terme sur la santé et occulte les disparités raciales.
Ben Clarke, auteur de l’étude et chercheur de l’Institut de recherche Grantham sur le changement climatique et l’environnement de l’Université royale de Londres, déclare qu’à mesure que continueront à augmenter les émissions globales de gaz à effet de serre, le monde souffrira davantage de sécheresses extrêmes.
Son étude est une preuve supplémentaire de ce que le réchauffement global causé par l’activité humaine accélère la dévastation de la plus grande forêt tropicale du monde qui recèle la plus importante biodiversité. Des zones entières de l’Amazonie ont commencé à se transformer de forêt tropicale, qui emmagasine d’énormes quantités de gaz à effet de serre qui captent la chaleur, en régions plus sèches qui libèrent des gaz dans l’atmosphère. Le résultat est un double impact sur la lutte mondiale contre le changement climatique et la perte de la biodiversité.
Le chiffre de la population directement affectée par les incendies au Brésil au cours d’une année a augmenté mille cinq cent fois en août et aucune amélioration n’est attendue ce mois-ci. Dans le Pantanal, dans le centre-ouest brésilien, zone de stricte protection environnementale, le fleuve Paraguay est au bord de l’assèchement : l’agonie du fleuve se répercute sur l’agonie de la région, indique Eric Nepomuceno.
Aucun des fleuves brésiliens autre que le fleuve Paraguay n’est aussi fondamental pour l’existence d’un biome déterminé : la diminution de son niveau menace tout le Pantanal. Plus encore : les dix plus grands fleuves brésiliens sont en dessous du niveau moyen et on redoute que l’approvisionnement en eau ne s’effondre prochainement.
Tandis que les incendies se multiplient, surtout dans l’état de San Pablo, il existe des preuves qu’une grande part des incendies sont d’origine criminelle, destinés à ravager les fourrés et les arbres pour créer des champs et y planter de la canne à sucre. Ils s’ajoutent à d’autres feux occasionnés par la sécheresse. Dans l’État de l’Amazonas plus de 60 communes sont en état d’urgence par manque d’eau, ce qui touche principalement les peuples originels : les Indiens qui ont déjà vu leurs terres d’abord envahies, puis dévastées, maintenant font face, outre aux incendies criminels, aux effets effrayants de la colère de la nature. Le changement climatique a engendré une sécheresse « exceptionnelle » dans l’Amazonas.
En 2023, le fleuve et plusieurs de ses affluents ont atteint les niveaux les plus bas des 120 dernières années. Selon les scientifiques cela est dû à notre utilisation des combustibles fossiles. Le changement climatique a provoqué la sécheresse exceptionnelle qui a asséché des fleuves importants, a déclenché d’énormes incendies de forêts et menacé la survie de millions de personnes dans la forêt amazonienne.
L’Amazonie brésilienne a perdu (par abattages) 4 314 kilomètres carrés de végétation entre le 1er août 2023 et le 31 juillet 2024, une diminution de 45,7% comparée à celle d’autres années. Il s’agit du taux de déforestation le plus bas depuis 2016 quand l’Institut national de recherches spatiales a commencé à enregistrer le niveau d’alerte pour déboisement du biome. En juillet, l’abattage a recommencé à monter en flèche car c’était une période proche des élections (plus permissive) à l’approche des élections municipales.
Préoccupation mondiale
Le sujet de la dégradation environnementale préoccupe la presse internationale. Le Financial Times britannique déclare que « le Brésil veut être un champion du climat et un géant pétrolier. Est-ce possible d’être les deux à la fois ? Lula joue sa réputation internationale pour ce qui est de l’environnement mais il a aussi besoin d’argent pour réduire la pauvreté dans son pays ».
Il précise qu’une série de phénomènes météorologiques extrêmes au Brésil, l’an dernier, s’ajoutant aux alertes des scientifiques sur le changement climatique, incluant sécheresse, inondations et vagues de chaleur, ont accentué l’urgence du débat. De grands incendies de forêt se sont déclenchés dans de vaste zones du pays ces dernières semaines.
Les médias français Le Monde et Libération ont indiqué que le Parc national de Brasilia est cerné par les flammes : « Ce dimanche les pompiers brésiliens ont commencé à éteindre les flammes de ce nouveau foyer de vagues d’incendies qui dévastent le Brésil, conséquence de la pire sécheresse jamais enregistrée dans le pays ».
Juraima Almeida est une chercheuse brésilienne, analyste associée au Centre latino-américain d’Analyse stratégique (CLAE www.estrategia.la).
Traduction française de Françoise Couëdel.
Source (espagnol) : https://estrategia.la/2024/09/17/la-devastacion-ambiental-ataca-brasil/.