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DIAL 3504
MEXIQUE - Communiqué du CCRI-CG de l’EZLN : Et nous avons brisé l’encerclement
Comité clandestin révolutionnaire indien - Commandement général de l’Armée zapatiste de libération nationale
vendredi 27 septembre 2019, mis en ligne par
DIAL reprend ici une traduction du Communiqué du Comité clandestin révolutionnaire indien - Commandement général de l’Armée zapatiste de libération nationale diffusé en espagnol le 17 août 2019. La version française a paru le 28 août sur le site Enlace zapatista. Pour l’EZLN, comme pour DIAL, c’est l’occasion d’évoquer ce qui se construit pas à pas dans les montagnes du sud-est mexicain.
Mexique.
17 août 2019.
Au peuple du Mexique,
aux peuples du monde,
au Congrès national indien-Conseil indien de gouvernement,
à la sexta nationale et internationale,
aux réseaux de soutien, résistance et rébellion,
frères, sœurs et frœurs,
compañeras, compañeros et compañeroas,
Voici notre parole, elle est la même qu’hier, qu’aujourd’hui et que demain car c’est une parole de résistance et de rébellion.
En octobre 2016, il y a presque trois ans, lors de leur 20e anniversaire, les peuples frères organisés dans le Congrès national indien [CNI], main dans la main avec l’EZLN, se sont engagés à passer à l’offensive pour défendre le territoire et la terre mère. Poursuivis par les forces du mauvais gouvernement, par les caciques, par les entreprises étrangères, par les criminels et les lois, comptant les morts, les agressions et les moqueries, nous, les peuples originaires, les gardiens de la terre, avons décidé de passer à l’offensive et d’étendre notre parole et notre action de résistance et de rébellion.
Avec la formation du Conseil indien de gouvernement [CIG] et la désignation de sa porte-parole, Marichuy, le Congrès national indien s’est donné pour tâche d’apporter, aux frères et sœurs de la campagne et de la ville, la parole de l’alerte et de l’organisation. L’EZLN est aussi passé à l’offensive dans sa lutte de parole, d’idées et d’organisation.
Pour nous, le moment est maintenant venu de rendre des comptes au CNI-CIG et à sa porte-parole. Ce sera à ses peuples de dire si nous avons tenu nos engagements. Mais pas seulement à eux. Nous avons aussi un engagement auprès des organisations, des groupes, des collectifs et des personnes en tant qu’individus (particulièrement de la Sexta et des réseaux [1], mais pas seulement), qui, au Mexique et dans le monde, s’inquiètent pour les peuples zapatistes et dont le cœur, dans leur temps, leur géographie et à leur manière, continue de battre avec le nôtre, sans qu’importe la distance kilométrique, sans qu’importent les murs et les frontières, ni l’encerclement qu’on nous impose.
Nous ne nous sommes pas fait d’illusions avec l’arrivée d’un nouveau gouvernement. Nous savons que le Grand Chef n’a pas d’autre Patrie que celle de l’argent et qu’il dirige le monde et la majorité de ses grandes propriétés qu’on appelle « pays ».
Nous savons aussi que la rébellion est interdite, tout comme sont interdites la dignité et la rage. Mais dans le monde entier, dans ses recoins les plus oubliés et méprisés, il y a des êtres humains qui résistent pour ne pas être dévorés par la machine et qui ne se rendent pas, ne se vendent pas et n’abandonnent pas. Nombreuses sont leurs couleurs, nombreux sont leurs drapeaux, nombreuses sont les langues qui les habillent, et gigantesques sont leur résistance et leur rébellion.
Le Grand Chef et ses contremaîtres construisent des murs, des frontières et des rideaux de fer pour tenter d’endiguer ce qu’ils disent être un mauvais exemple. Mais ils n’y arrivent pas car la dignité, la colère, la rage, la rébellion ne peuvent être ni endiguées ni enfermées. Même s’ils se cachent derrière leurs murs, leurs frontières, leurs rideaux de fer, leurs armées et leurs polices, leurs lois et leurs décrets, tôt ou tard, cette rébellion viendra leur demander des comptes. Et il n’y aura ni pardon ni oubli.
Nous savions et nous savons que notre liberté ne serait l’œuvre que de nous-mêmes, les peuples originaires. Avec le nouveau contremaître du Mexique, la persécution et la mort ont elles aussi continué : en à peine quelques mois, une dizaine de camarades du Congrès national indien - Conseil indien de gouvernement, des militants sociaux, ont été assassinés. Parmi eux, un frère très respecté par les peuples zapatistes : Samir Flores Soberanes, abattu après avoir été désigné par le contremaître qui, en plus, poursuit les méga-projets néolibéraux qui font disparaître des peuples entiers, détruisent la nature et convertissent le sang des peuples originaires en bénéfice du grand capital.
C’est pour cela que, en l’honneur des frères et sœurs qui sont morts, qui sont persécutés et qui sont portés disparus ou en prison, nous avons décidé de nommer « Samir flores est en vie » la campagne zapatiste qui culmine aujourd’hui et que nous rendons publique :
Après des années de travail silencieux, malgré l’encerclement, malgré les campagnes mensongères, malgré les diffamations, malgré les patrouilles militaires, malgré la Garde nationale, malgré les campagnes de contre-insurrection déguisées en programmes sociaux, malgré l’oubli et le mépris, nous avons grandi et nous sommes devenus plus forts.
Et nous avons brisé l’encerclement.
Nous sommes sortis sans en avoir demandé la permission et nous sommes maintenant de nouveau avec vous, frères, sœurs et frœurs, compañeros, compañeras et compañeroas. L’encerclement gouvernemental est resté derrière nous, il n’a servi et ne servira à rien. Nous suivons des routes et des chemins qui n’existent ni sur les cartes ni pour les satellites et qui se trouvent seulement dans la pensée de nos plus vieux aïeuls.
Avec nous, les zapatistes, dans nos cœurs cheminent aussi la parole, l’histoire et l’exemple de nos peuples, de nos enfants, de nos anciens, hommes et femmes. Sur les routes, nous avons trouvé une maison, de la nourriture, une écoute et une parole. Nous nous sommes compris comme seulement se comprennent ceux qui partagent la même douleur, mais aussi la même histoire, la même indignation, la même rage.
Nous avons compris que, non seulement les rideaux et les murs ne servent qu’à la mort, et que l’achat-vente de consciences par les gouvernements est chaque fois plus inutile. Nous ne nous laissons plus tromper, ils ne nous convainquent plus, aujourd’hui ils s’oxydent, se brisent, échouent.
C’est ainsi que nous sommes sortis. Le Grand Chef est resté derrière, en pensant que son encerclement nous maintenait enfermés. De loin, nous avons vu ses arrières faites de Gardes nationales, de soldats, de policiers, de projets, d’aides et de mensonges. Nous sommes partis et nous sommes revenus, nous sommes entrés et nous sommes sortis. Nous l’avons fait 10, 100, 1000 fois et le Grand Chef surveillait sans nous regarder, confiant en la peur que sa peur provoquait.
Ceux qui nous encerclaient se sont retrouvés comme une tache sale, eux-mêmes cernés dans un territoire aujourd’hui plus étendu, un territoire qui répand la rébellion.
Frères et sœurs, camarades,
Nous nous présentons face à vous avec de nouveaux Caracoles et un plus grand nombre de municipalités autonomes rebelles zapatistes dans de nouvelles zones du sud-est mexicain.
Nous aurons aussi maintenant des Centres de résistance autonome et rébellion zapatiste. Dans la majorité des cas, ces centres seront aussi la base de caracoles, de Conseils de bon gouvernement et de Municipalités autonomes rebelles zapatistes (Marez).
Bien que lentement, et fidèle à leur nom [2], les 5 caracoles originaux se sont reproduits après 15 ans de travail politique et organisationnel ; et les Marez et leurs Conseils de bon gouvernement ont dû eux aussi faire des petits et être attentifs à ce qu’ils grandissent. Il y aura maintenant 12 caracoles avec leurs Conseils de bon gouvernement.
Cette croissance exponentielle, qui nous permet aujourd’hui de briser à nouveau l’encerclement, est due à deux choses :
La première, et la plus importante, c’est le travail politique organisationnel et l’exemple des femmes, des hommes, des enfants et des personnes âgées des bases d’appui zapatistes. Le plus remarquable fut le travail des femmes et des jeunes zapatistes. Des camarades de tout âge se sont mobilisées pour parler avec d’autres sœurs organisées ou pas. Les jeunes zapatistes, sans abandonner leurs goûts et leurs préférences, ont appris des sciences et des arts, et ils l’ont alors transmis à de plus en plus de jeunes. La majorité de cette jeunesse, principalement des femmes, assument des charges qu’elles imprègnent de leur créativité, de leur ingéniosité et de leur intelligence. Nous pouvons donc dire, sans peine et avec fierté, que non seulement les femmes zapatistes vont de l’avant, comme l’oiseau Pujuy [3], pour nous montrer le chemin afin que nous ne nous perdions pas, mais qu’en plus elles sont à nos côtés pour qu’on ne dévie pas, et derrière nous, pour qu’on ne prenne pas de retard.
L’autre, c’est la politique gouvernementale destructrice de la communauté et de la nature, particulièrement celle de l’actuel gouvernement qui s’est lui-même baptisé celui de la « Quatrième Transformation ». Les communautés traditionnellement liées aux partis ont été blessées par le mépris, le racisme et la voracité de l’actuel gouvernement, et elles sont passées du côté de la rébellion ouverte ou clandestine. Celui qui pensait diviser le zapatisme et acheter la loyauté des non-zapatistes avec sa politique de contre-insurrection faite d’aumônes, a, en favorisant la confrontation et le découragement, donné les arguments qui manquaient pour convaincre ces frères et sœurs que l’important est de défendre la terre et la nature.
Le mauvais gouvernement a pensé et pense que les gens attendent sa charité monétaire et en ont besoin.
Maintenant, les peuples zapatistes et bien d’autres peuples non-zapatistes, tout comme les peuples frères du CNI dans le sud-est mexicain et dans tout le pays, lui répondent et lui démontrent qu’il a tort.
Nous comprenons que l’actuel contremaître s’est formé dans les rangs du PRI et dans la conception « indianiste » selon laquelle les peuples originaires aspirent à vendre leur dignité et à cesser d’être ce qu’ils sont, et que l’Indien est une pièce de musée, un artisanat multicolore qui permet au puissant de cacher la grisaille de son cœur. C’est pour cela qu’il s’attache à ce que ses murs-trains (celui de l’Isthme et le mal nommé « maya ») incorporent au paysage les ruines d’une civilisation, pour le plus grand ravissement des touristes.
Mais nous, peuples originaires, sommes vivants, rebelles et en résistance ; le contremaître prétend maintenant remettre au goût du jour l’un de ses caporaux, un avocat qui un jour a été indien, et qui maintenant, comme tout au long de l’histoire mondiale, se consacre à diviser, persécuter et manipuler ceux qui un jour ont été ses semblables. Le responsable de l’INPI [4] se polit tous les jours la conscience à la pierre ponce afin d’éliminer toute trace de dignité. Il pense qu’ainsi il blanchit sa peau et que sa raison devient celle du Grand Chef. Le contremaître le félicite et il se félicite : pour essayer de contrôler les rebelles, il n’y a rien de mieux qu’un repenti, converti par un salaire en une marionnette de l’oppresseur.
***
Durant ces désormais plus de 25 années, nous avons appris.
Au lieu de gravir les échelons des postes du mauvais gouvernement ou de nous convertir en une mauvaise copie de ceux qui nous humilient et nous oppriment, notre intelligence et notre savoir se sont concentrés sur notre propre croissance et notre propre force.
Grâce aux sœurs, frères et frœurs du Mexique et du monde qui ont participé aux rencontres et aux pépinières d’idées auxquelles nous les avons convoqué·e·s en ce temps-là, notre imagination et notre créativité, tout comme notre connaissance, se sont ouvertes et sont devenues plus universelles, c’est-à-dire plus humaines. Nous avons appris à regarder, à écouter et à parler l’altérité, sans moquerie, sans jugement, sans étiquette. Nous avons appris qu’un rêve qui n’englobe pas le monde entier, est un petit rêve.
Ce que nous rendons maintenant public est le résultat d’un long processus de réflexion et de recherche. Des milliers d’assemblées communautaires zapatistes, dans les montagnes du sud-est mexicain, ont pensé et cherché d’autres chemins, modes et temps. En défiant le mépris du puissant qui nous traite d’ignorants et d’imbéciles, nous avons utilisé l’intelligence, la connaissance et l’imagination.
Ici nous les nommons les nouveaux Centres de résistance autonome et rébellion zapatiste (Crarez). Il s’agit de 11 nouveaux centres, plus les 5 caracoles originaux, ce qui fait 16. Plus les municipalités autonomes originales, qui sont au nombre de 27. Au total, les centres zapatistes sont au nombre de 43.
Noms et adresses des nouveaux Caracoles et Marez :
– 1. Nouveau caracol, son nom : Collectif le cœur de graines rebelles, mémoire du camarade Galeano. Son Conseil de bon gouvernement s’appelle : Marche de l’histoire, pour la vie de l’humanité. Son siège est La Unión. Terre récupérée, à côté de l’ejido San Quintín, là où se trouve la caserne militaire du mauvais gouvernement. Municipalité officielle d’Ocosingo.
– 2. Nouvelle municipalité autonome qui s’appelle : Espoir de l’Humanité, son siège se trouve dans l’ejido de Santa María. Municipalité officielle de Chicomuselo.
– 3. Autre municipalité autonome qui s’appelle : Ernesto Che Guevara, son siège est à El Belén. Municipalité officielle de Motozintla.
– 4. Nouveau Caracol, son nom : Digne spirale qui tisse les couleurs de l’humanité en mémoire de celles et ceux qui sont tombés. Son Conseil de bon gouvernement s’appelle : Graine qui fleurit avec la conscience de celles et ceux qui luttent pour toujours. Son siège est à Tulan Ka’u, terre récupérée. Municipalité officielle d’Amatenango del Valle.
– 5. Autre nouveau Caracol. Son nom est : La graine rebelle en fleur. Son Conseil de bon gouvernement s’appelle : Nouvelle aube en résistance et rébellion pour la vie et l’humanité. Son siège se trouve au Poblado Patria Nueva, terre récupérée. Municipalité officielle d’Ocosingo.
– 6. Nouvelle municipalité autonome qui s’appelle : Semant la conscience pour récolter des révolutions pour la vie. Son siège est à Tulan Ka’u. Terre récupérée. Municipalité officielle d’Amatenango del Valle.
– 7. Nouveau Caracol. Son nom est : En honneur à la mémoire du camarade Manuel. Son Conseil de bon gouvernement s’appelle : La pensée rebelle des peuples originaires. Son siège est à Dolores Hidalgo. Terre récupérée. Municipalité officielle d’Ocosingo.
– 8. Autre nouveau Caracol. Son nom est : Résistance et rébellion un nouvel horizon. Son Conseil de bon gouvernement s’appelle : La lumière qui fait briller le monde. Son siège est le Poblado Nuevo Jerusalén. Terre récupérée. Municipalité officielle d’Ocosingo.
– 9. Nouveau Caracol, qui s’appelle : Racine des résistances et rébellions pour l’humanité. Son Conseil de bon gouvernement s’appelle : Cœur de nos vies pour le nouveau futur. Son siège se trouve dans l’ejido Jolj’a. Municipalité officielle de Tila.
– 10. Nouvelle municipalité autonome s’appelant : 21 décembre. Son siège est à la Ranchería K’anal Hulub. Municipalité officielle de Chilón.
– 11. Nouveau Caracol qui s’appelle : Jacinto Canek. Son Conseil de bon gouvernement s’appelle : Fleur de notre parole et lumière de nos peuples qui se reflète pour tous. Son siège se trouve dans la Communauté du CIDECI-Unitierra. Municipalité officielle de San Cristóbal de las Casas.
Nous en profitons pour inviter la Sexta, les réseaux, le CNI et les personnes honnêtes à venir et, avec les peuples zapatistes, à participer à la construction des Crarez, que ce soit en fournissant des matériaux et un soutien économique, ou en martelant, coupant, chargeant, orientant et passant du temps avec nous, ou de la forme et de la manière qui vous convient. Dans les prochains jours, nous rendrons public un écrit dans lequel nous expliquons comment, quand et où vous pouvez vous inscrire pour participer.
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Frères, sœurs, et camarades,
Nous convoquons le CNI-CIG à venir nous rencontrer et connaître le travail dans lequel nous nous sommes engagés, partager les problèmes, les difficultés, les coups, les évanouissements, mais aussi les graines qui permettent de mieux récolter la lutte et celles qui, nous le constatons, ne donnent plus les meilleures récoltes, mais qui nous amènent à tout le contraire, pour ne pas refaire de même. Nous nous rencontrerons avec ceux qui font réellement des efforts dans l’organisation de la lutte pour parler des bonnes récoltes et des mauvaises aussi. Concrètement nous vous proposons la réalisation collective, dans l’un des Caracoles, de ce que qui pourrait s’appeler Forum en défense du territoire et de la terre mère, ou comme vous voudrez l’appeler, ouvert à toutes les personnes, groupes, collectifs et organisations qui s’obstinent dans cette lutte pour la vie. La date que nous vous proposons est, durant le mois d’octobre 2019, les jours qui vous conviendront le mieux. De cette manière, nous mettons à votre disposition l’un des Caracoles pour que se tienne la réunion ou l’assemblée du CNI-CIG aux dates que vous déciderez.
La Sexta et les réseaux, nous vous appelons pour commencer d’ores et déjà l’analyse et la discussion en vue de la formation d’un Réseau international de résistance et de rébellion, Pôle, Noyau, Fédération, Confédération ou comme vous voudrez l’appeler, basé sur l’indépendance et l’autonomie de ceux qui le forment, renonçant explicitement à l’hégémonie et à l’homogénéité, où la solidarité et le soutien mutuels soient inconditionnels, où l’on partage les expériences bonnes et mauvaises de la lutte de chacun, et où l’on travaille dans la diffusion des histoires d’en bas à gauche.
Pour cela, comme zapatistes que nous sommes, nous convoquerons des réunions bilatérales avec les groupes, collectifs, et organisations qui travaillent dans leurs géographies. Nous ne ferons pas de grandes réunions. Dans les prochains jours nous annoncerons comment, quand et où pourront se faire ces réunions bilatérales que nous vous proposons. Bien sûr, à ceux qui accepteront, et en prenant en compte leurs calendriers et géographies.
À ceux qui font de l’art de la science et de la pensée critique leur vocation et leur vie, nous vous inviterons à des festivals, rencontres, pépinières, fêtes, échanges ou comme ça s’appellera. Nous vous ferons connaître le comment, le quand et le où cela pourrait se faire. Cela inclut le CompArte et le Festival de ciné « Puy ta Cuxlejaltic », mais pas seulement. Nous pensons faire des CompArte spécifiques selon chaque art. Par exemple : théâtre, danse, arts plastiques, littérature, musique, etc. Se fera aussi une autre édition du ConSciences, peut-être en commençant par les sciences sociales. Des pépinières de la pensée critique se réaliseront, peut-être en commençant avec le thème de la tempête.
Et, spécialement à celles et ceux qui marchent avec douleur et rage, avec résistance et rébellion, et sont persécuté·e·s :
Nous convoquerons à des rencontres de proches de personnes assassinées, disparues, et enfermées, avec aussi les organisations, groupes et collectifs qui accompagnent leur douleur, leur rage et leur recherche de vérité et de justice. L’objectif sera qu’ils se connaissent entre eux et qu’ils échangent non seulement au sujet des douleurs mais aussi et surtout de leurs expériences dans cette recherche. Les peuples zapatistes, nous nous limiterons à être vos hôtes.
Les camarades zapatistes convoqueront une nouvelle Rencontre de femmes qui luttent, selon le moment, le lieu et les modalités qu’elles décideront et elles vous le feront savoir quand elles le voudront et par le moyen qu’elles décideront. Nous vous informons déjà que ce ne sera que pour les femmes, c’est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas vous donner plus d’éléments jusqu’à ce qu’elles les donnent.
Nous verrons s’il est possible de faire une réunion de frœurs, avec l’objectif de partage, en plus de leurs douleurs, des injustices, des persécutions et de toutes les autres saloperies qu’on leur fait, leurs formes de lutte et leur force. Les peuples zapatistes, nous nous limiterons à être vos hôtes.
Nous verrons s’il est possible d’organiser une rencontre des groupes, collectifs et organisations défendant les droits humains, selon la forme et les modalités qu’ils décideront. Les peuples zapatistes, nous nous limiterons à être vos hôtes.
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Camarades, frères et sœurs,
Nous sommes là, nous sommes zapatistes. Pour qu’on nous regarde, nous nous sommes couvert le visage ; pour qu’on nous nomme, nous avons nié notre nom ; nous avons parié le présent pour avoir un futur, et, pour vivre, nous mourons. Nous sommes zapatistes, majoritairement Indiens de racines mayas, nous ne nous vendons pas, nous ne nous rendons pas et nous ne renonçons pas.
Nous sommes rébellion et résistance. Nous sommes l’un de ces nombreux maillets qui abattront les murs, un de ces vents nombreux qui balayeront la terre, et l’une de ces nombreuses graines desquelles naîtront d’autres mondes.
Nous sommes l’Armée zapatiste de libération nationale.
Depuis les montagnes du sud-est mexicain,
au nom des hommes, des femmes, des enfants et des anciens des bases d’appui zapatistes et du Comité clandestin révolutionnaire indien - Commandement général de l’Armée zapatiste de libération nationale,
Sous-commandant insurgé Moises,
Mexique, août 2019.
– Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 3504.
– Traduction anonyme, ponctuellement modifiée par Dial.
– Source (français) : Enlace zapatista, 28 août 2019.
– Texte original (espagnol) : Enlace zapatista, 17 août 2019.
En cas de reproduction, mentionner au moins l’auteur, la source française originale (Enlace zapatista - http://enlacezapatista.ezln.org.mx) et l’adresse internet de l’article.
[1] De soutien, résistance et rébellion – NdT.
[2] Caracol signifie escargot en espagnol – NdT.
[3] Une espèce d’engoulevent – note DIAL.
[4] Institut national des peuples indiens – NdT.