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ÉQUATEUR - Les femmes mobilisées pour la défense de l’eau affrontent de graves violences

Salva la Selva

mercredi 16 novembre 2022, mis en ligne par Françoise Couëdel

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14 octobre 2022 - Depuis plus de 20 ans, en Équateur, un grand nombre de personnes des communautés rurales s’opposent à l’avancée de l’exploitation minière, pour défendre leurs territoires et les espaces naturels. Elles se revendiquent Défenseurs et Défenseuses de l’Eau. L’une d’entre elles, Dina Chillpi, a été agressée par des hommes, chercheurs d’or, et a été blessée par balle.

La communauté de Dina Chillpi s’appelle San Pedro de Yumate, elle est située dans la paroisse de Molleturo, canton de Cuenca (province de Azuay). Blessée par balle elle a dû être transportée à l’hôpital de Cuenca, capitale de la province. Quelques jours plus tôt avait été aussi agressée Mónica Guarango. La violence qui met en péril la vie de ces défenseuses de l’eau et des communautés est préoccupante.

Ils étaient entre quinze et vingt hommes, vêtus de noir et armés de mitraillettes et de revolvers. Ils sont arrivés par deux chemins, escortés de 7 motocyclistes et ont tiré devant la maison de Dina Chillpi. Des individus de ce groupe roderaient dans cette zone depuis le mois d’août, selon les récits de la communauté. Ils chercheraient à impliquer les jeunes des communautés « dans des actes de délinquance en lien avec l’exploitation minière ».

La proximité du Páramo de El Cajas n’est pas négligeable. Les « páramos » [1] sont des écosystèmes d’une grande importance qui alimentent en eau potable les communautés, non seulement des provinces de Azuay, mais aussi de Guayas et El Oro. Ils coexistent avec des zones humides alto-andines, des lagunes et des forêts primaires de diverses essences, dont certaines font partie du Parc National. Ceux qui défendent l’eau ont déjà obtenu une action de protection pour le non-respect du droit à la consultation préalable, libre et documentée des peuples indiens. La compagnie minière Ecuagoldmining SA/Junefield a dû suspendre partiellement ses activités en 2018.

Prochainement, se tiendra une grande Assemblée populaire pour la défense des « páramos » de Río Blanco. La volonté de la communauté est d’être totalement libérée de l’activité minière qu’elle soit légale, illégale ou de quelque nature qu’elle soit car, pour ces communautés, cette présence dans cette zone a déjà signifié des pertes de territoires, la militarisation de la zone et la criminalisation de ceux qui s’opposent à l’exploitation minière.

En outre, il existe des tunnels ouverts dans le passé par la compagnie d’origine chinoise, qui ont dû être fermés il y a des années, qui constituent une menace latente pour les communautés. En accédant par ces tunnels les chercheurs d’or illégaux rivalisent pour s’emparer du territoire. On soupçonne aussi la présence de l’entreprise minière dans la zone. Tout cela alimente le conflit qui divise les communautés et les familles. Il faut souligner que les limites entre et l’exploitation minière illégale et celle qui est considérée comme légale sont très confuses, l’activité illégale étant souvent la porte d’entrée pour que de grandes entreprises minières obtiennent des permis d’exploitation de métaux tels que l’or, l’argent et le cuivre.

Une dénonciation des faits a déjà été déposée, sans qu’à cette date aient été prises des mesures de protection pour les Défenseurs et les personnes. La communauté exige « contrôle, surveillance et sanctions concernant les personnes impliquées dans l’exploitation et l’encouragement de l’exploitation minière illégale », elle dénonce la complicité des autorités et rend le gouvernement responsable.

Différentes organisations de Droits humains ont émis des communiqués. « Nous considérons l’actuel gouvernement qui ne protège pas les Défenseuses et les Défenseurs de l’eau et de la vie, responsable de toute violence exercée envers nos camarades » peut-on lire.


Traduction française de Françoise Couëdel.

Source (espagnol) : https://www.salvalaselva.org/exitos-y-noticias/10973/defensoras-del-agua-en-grave-peligro-en-ecuador.

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[1Zones de plateaux semi-désertiques. Ndlt.

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